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1er Forum social québécois

Par Claude Gauvreau

14 mai 2007 à 0 h 05

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

«Nous travaillons depuis deux ans à l’organisation de cet événement et nous attendons des milliers de personnes», raconte avec enthousiasme Raphaël Canet, l’un des organisateurs du premier Forum social québécois, qui se déroulera à l’UQAM, du 23 au 26 août prochain. Une cinquantaine d’organisations – groupes communautaires, syndicats, groupes de femmes, ONG, organismes de coopération internationale et associations étudiantes – seront présentes à ce forum, qui a reçu un appui important de l’Institut d’études internationales de Montréal, basé à l’UQAM.

Depuis la tenue du premier Forum social mondial, en 2001, des forums sociaux locaux, régionaux, nationaux et thématiques se sont multipliés aux quatre coins du monde, rappelle M. Canet, qui est aussi professeur associé à la Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie. «L’idée d’organiser un forum social à l’échelle du Québec a germé au Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil, en 2005, dans le campement intercontinental de la jeunesse, où se trouvaient 600 jeunes Québécois. Parmi eux, un noyau d’une centaine de personnes, des étudiants et des chercheurs de l’UQAM notamment, ont alors convenu de l’importance de créer un tel événement.»

Une couleur québécoise

Un des objectifs du forum, souligne M. Canet, est de concevoir des alternatives au modèle hégémonique du néolibéralisme, lequel s’appuie sur des impératifs de croissance et de compétitivité, ainsi qu’à un discours social néo-conservateur tenu, entre autres, par l’ADQ au Québec. Le forum entend aussi contribuer au développement d’une «culture politique d’implication citoyenne» qui favorise l’engagement de tous dans la vie publique. «Ce ne sera pas un congrès réunissant uniquement des altermondialistes, mais un espace pluriel rassemblant les forces vives du changement social au Québec, affirme le professeur. Nous voulons expérimenter une nouvelle manière d’échanger des savoirs et de bâtir des ponts entre les mouvements sociaux – qui sont dans l’action – et les intellectuels.»

Dans un esprit d’inclusion, la programmation du forum québécois sera construite par l’ensemble des participants. «Les organisations et citoyens sont invités à proposer des sujets de discussion et des activités correspondant à leurs préoccupations», précise M. Canet. Les propositions pourront s’inscrire au sein de grands axes thématiques déjà définis : droits humains et lutte pour l’égalité, environnement, services publics et programmes sociaux, monde du travail et économie sociale, démocratie et pouvoir populaire, etc. Quatre grandes conférences, plus de 200 ateliers de discussion et des «tables de controverse» réunissant des intervenants défendant des points de vue opposés sont prévus au programme. Sans compter un important volet culturel comportant des projections de films, des spectacles musicaux et un espace de création (théâtre, danse, poésie, peinture, etc.).

Les organisateurs tenaient également à donner une couleur québécoise à l’événement. Un de leurs défis était de s’associer à des représentants de différentes régions pour assurer la mobilisation locale. Des collectifs régionaux autonomes, regroupant des citoyens ainsi que des organismes communautaires, syndicaux et étudiants, ont ainsi été créés dans l’Outaouais, à Drummondville, dans le Saguenay, à Québec, et d’autres sont en voie de l’être dans le Bas Saint-Laurent et en Gaspésie.

Espace public critique

Selon M. Canet, un forum social est avant tout un espace public critique et participatif qui favorise la convergence de luttes sociales et la formation de coalitions entre différentes organisations de la société civile. «Le forum n’est pas représentatif d’un mouvement ou d’une organisation en particulier et personne ne peut parler en son nom. Certains aimeraient créer un parti altermondialiste qui aurait son manifeste et son propre programme, d’autres ne partagent pas ce point de vue et rejettent le vieux modèle de l’avant-garde éclairée.»

Même si elles sont peu visibles dans les médias, un grand nombre d’actions émergent des forums sociaux, soutient le jeune chercheur. «Au Forum social mondial de Nairobi, en février dernier, le mouvement des Intouchables en Inde, qui représente des millions de personnes victimes de discrimination, a formé une alliance avec le mouvement des sans-terre au Brésil, en Afrique du Sud, et avec des groupes de commerce équitable dans certains pays du Nord, dans le but de créer des coopératives agricoles.»

C’est au tour des mouvements sociaux de penser le Québec, lance Raphaël Canet. «Le Forum social québécois, dont la force repose sur la diversité, existe pour leur donner la parole et pour imaginer des solutions originales.»