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Améliorer son français écrit

Par Pierre-Etienne Caza

12 novembre 2012 à 0 h 11

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Les centres d’aide en français constituent une relative nouveauté au sein du réseau universitaire québécois, affirme Nicole Beaudry, responsable du Centre d’aide à la réussite (CARÉ) de la Faculté des sciences de l’éducation. «Les efforts du gouvernement québécois en termes d’encadrement, d’évaluation et de standardisation de la qualité du français ont mobilisé les universités autour de cette question. Depuis 1995, ces dernières se préoccupent sérieusement de la qualité de la langue de leurs étudiants, lesquels démontrent une grande volonté de remédier à leurs difficultés. Ils sortent du placard en quelque sorte ! Et c’est un cercle sans fin : plus on en donne, plus on en veut !»


Créé en 2003, le CARÉ avait donné un coup de pouce cette année-là à une soixantaine d’étudiants. L’an dernier, c’est plus de 1 600 étudiants en éducation qui ont frappé aux portes du centre pour obtenir de l’aide ! Les demandes proviennent de partout à l’UQAM, précise Nicole Beaudry, mais le CARÉ ne peut desservir pour l’instant que les étudiants de la Faculté. Les autres demandes sont placées en liste d’attente, faute de structure suffisante pour les accueillir.


Un programme de tutorat


«L’étudiant qui vient nous voir est souvent dans une situation critique et il a besoin d’un soutien particulier pour améliorer la qualité de son français écrit», explique Nicole Beaudry. Chaque étudiant est jumelé à un moniteur selon une formule de tutorat. L’étudiant passera un test ou apportera ses travaux pour que le moniteur établisse un diagnostic de ses problèmes et bâtisse un plan de formation sur mesure. Ce dernier s’articule sur dix heures, à raison d’une ou deux heures par semaine. L’étudiant et son moniteur déterminent ensemble l’horaire du tutorat, selon leurs disponibilités. «Les travaux que l’étudiant apporte pour l’évaluation de ses faiblesses ne sont jamais corrigés par le moniteur, insiste la responsable du CARÉ. Il ne s’agit pas d’un service de correction, mais bien d’un service d’aide qui vise la progression des habiletés écrites.»


Une expérience de plus


Une vingtaine de moniteurs – tous des étudiants – œuvrent au CARÉ. Ceux-ci proviennent principalement du baccalauréat en enseignement du français au secondaire, mais aussi des programmes en linguistique, en didactique des langues, en études littéraires ou d’autres domaines de l’enseignement. «Ce sont souvent des étudiants qui ont travaillé dans les centres d’aide en français au collégial, lesquels existent depuis plus de 20 ans», note la responsable. Le réseau collégial offre même un cours de relation d’aide en français, lequel peut être crédité dans la formation des étudiants. «Ce serait vraiment bien de pouvoir offrir la même chose à l’université un de ces jours», espère Nicole Beaudry.


Tous sont gagnants dans ce genre de programme, conclut-elle. Les étudiants qui viennent chercher du soutien améliorent leurs connaissances en français et obtiennent de meilleures notes, tandis que les moniteurs acquièrent une expérience concrète de planification de cours et d’enseignement. «Quand ils doivent se creuser la tête pour expliquer avec 10 exemples différents une règle d’accord du participe passé, ils finissent par développer de bons trucs. C’est le métier qui entre !»


Colloque du RUSAF 2012


Nicole Beaudry est à l’origine du Réseau universitaire des services d’aide en français (RUSAF), fondé en 2005. Celui-ci compte une centaine de membres provenant des établissements universitaires francophones du Québec et du Canada. «Il y a parmi eux des professeurs intéressés par le soutien en français, de même que des membres du personnel administratif œuvrant dans les centres d’aide de leur établissement respectif», précise la responsable du CARÉ.


Le colloque 2012 du RUSAF aura lieu à l’UQAM le 16 novembre prochain, sous le thème «Regards croisés sur le tutorat à l’université». Parmi les conférenciers invités, Christiane Blaser, de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, prononcera une conférence intitulée «La maîtrise des compétences langagières dans la formation postsecondaire : regard sur les pratiques d’ailleurs». Alain Baudrit, de l’Université Victor Segalen – Bordeaux 2, prononcera pour sa part une conférence intitulée «Le tutorat universitaire : ses acteurs, ses formes et ses possibles évolutions», tandis que François Lépine, de l’Université Laval, se penchera sur «Le dialogue pédagogique entre le tuteur et le tutoré». La professeure Isabelle Gauvin, du Département de didactique des langues, présentera les résultats de l’étude «Les raisonnements grammaticaux dans le tutorat : un outil diagnostique et didactique ?» Une table ronde sur le tutorat est également au programme avec des intervenants de l’UQAM, de l’UQTR, de l’UQAR et de l’Université de Montréal.