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À la rescousse d’un manuscrit d’Émile Nelligan

Une campagne de souscription lancée par un étudiant de l’UQAM et un collègue du Collège Ahuntsic vise à garder au Québec un manuscrit du Vaisseau d’or.

Par Benjamin Tanguay

18 mars 2013 à 0 h 03

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Dans le but d’acquérir la plus vieille copie manuscrite connue du célèbre poème d’Émile Nelligan, Le Vaisseau d’or, Félix Brabant, étudiant au baccalauréat en science politique, et Nicolas Groulx, étudiant en cinéma au Collège Ahuntsic, ont lancé, le 6 mars dernier, une campagne de souscription sur le site québécois Haricot. Deux jours auparavant, à l’occasion du 101e anniversaire du manuscrit, son propriétaire anonyme l’avait mis aux enchères sur le site eBay. Le prix de départ était fixé à 50 000 $.


«L’idée est de s’assurer que cette œuvre ne sorte pas du Québec. Au lieu qu’elle tombe entre les mains d’un collectionneur privé, on voudrait qu’elle devienne accessible à tous», explique Félix Brabant. En quelques jours, les deux étudiants ont amassé près de 1 700 $. «C’est un effort collectif qui s’adapte à tous les portefeuilles, indique l’étudiant. Si 5 000 personnes mettaient 10 $, on pourrait sauvegarder le manuscrit.»


Le 10 mars dernier, Le Vaisseau d’or a été retiré du site d’enchères eBay, ce qui ne signifie pas que son propriétaire ait renoncé à le vendre. «Nous sommes en contact avec le porte-parole du propriétaire du manuscrit et ils sont ouverts à notre projet», note Félix Brabant. Selon le porte-parole, plusieurs Québécois se sont montrés intéressés à acheter le manuscrit.


Un bien patrimonial


Grâce à l’intervention du ministre de la Culture du Québec, Maka Kotto, l’œuvre demeurera au Québec jusqu’à ce que le ministère ait évalué le dossier. Un avis d’intention de classement a été déposé, imposant un délai de 60 jours à un an pour authentifier l’œuvre. Le manuscrit pourrait être considéré comme bien patrimonial culturel.


 «Si le gouvernement ou Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ) décident de racheter l’œuvre, il est certain que nous allons reconsidérer notre projet, note Félix Brabant. Sinon, notre initiative pourrait représenter une sorte de plan B.» Jusqu’à maintenant, ni le gouvernement ni BAnQ n’ont annoncé leur intention de procéder au rachat.


Un engouement surprenant


Depuis qu’il s’est lancé dans cette aventure à la suite d’une conversation sur Facebook, Félix Brabant a été étonné de l’engouement médiatique pour l’initiative. «Mercredi matin, Nicolas et moi avons démarré le projet et, en après-midi, nous avons accordé des entrevues à La Presse canadienne, au Devoir et au Journal de Montréal», raconte-t-il. Selon lui, cette popularité soudaine est un bon signe pour le rachat du manuscrit.


Quand on lui demande d’où vient son intérêt pour le projet, Félix Brabant répond : «Je n’aspire pas à être poète, ni à devenir acheteur d’art. Chose certaine, je m’intéresse à la culture québécoise en général.»