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Raymond Lemieux : Savoir apprivoiser la science

Raymond Lemieux est le lauréat 2013 du prix Reconnaissance de la Faculté de communication.

Par Valérie Martin

12 mai 2013 à 0 h 05

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Depuis 1994, Raymond Lemieux (B.A. communications, 1984) est à la barre de la revue Québec Science, qui a célébré ses 50 ans l’an dernier, un record de longévité pour un magazine québécois. Le rédacteur en chef en a d’ailleurs profité pour rendre hommage au magazine et à ses pionniers en publiant l’ouvrage Il était une fois… Québec Science. Cinquante ans d’information scientifique au Québec. «Je voulais raconter comment un tel capital de savoir s’est construit», explique-t-il.

Selon son rédacteur en chef, la revue occupe une place unique dans la francophonie. «Il est plutôt rare de trouver un magazine d’information scientifique indépendant qui fait le pont entre le public et les chercheurs, surtout dans une petite société comme la nôtre.»

Malgré de modestes revenus, Québec Science a toujours réussi à faire preuve d’audace, devenant notamment le premier média québécois à se doter d’un site Web, au milieu des années 90. Le journaliste Jean-Hugues Roy, collaborateur du magazine et aujourd’hui professeur à l’École des médias, avait contribué à sa réalisation. «L’avantage d’être un petit média, c’est qu’on peut expérimenter», dit Raymond Lemieux.

Récipiendaire de nombreux prix et distinctions, Québec Science a reçu, entre autres, celui du Meilleur magazine de l’année en 2011 par l’Association québécoise des éditeurs de magazines. Un prix dont Raymond Lemieux est particulièrement fier. «Les membres du jury avaient trouvé que l’on faisait un travail de qualité malgré le fait que la revue n’ait pas un grand tirage, note-t-il. Que l’on aborde des sujets comme le don d’organe ou le passage d’un enfant en soins palliatifs, les gens ont confiance que Québec Science ne traitera pas l’information avec sensationnalisme.»

Raymond Lemieux croit qu’il n’y a pas de secret pour être un bon journaliste scientifique. «Nous sommes les yeux des lecteurs. Si j’interroge une biologiste qui étudie les champignons de la forêt boréale, je dois être capable d’amener mes lecteurs à la cueillette des champignons. Le travail du journaliste s’apparente bien souvent au travail de l’anthropologue : il doit connaître son terrain.»

Le rédacteur en chef n’a jamais oublié sa première leçon de communication, apprise de ses professeurs à l’époque où il était étudiant à l’UQAM. «Ils m’ont enseigné l’importance d’écouter l’autre. Aujourd’hui, on dirait que l’on n’écoute plus, qu’on est en train de perdre une certaine sensibilité à l’autre, très importante pour le journaliste», observe celui qui est à l’origine de la version québécoise du bar des sciences, cette série d’événements ponctuels, organisés dans des cafés ou des bars, qui ont pour objectif de réunir le grand public et des chercheurs autour d’un sujet d’actualité scientifique.

Quel est l’avenir de Québec Science? Le journaliste ignore pour l’instant quelle forme prendra la revue dans le futur. «Quoi qu’il en soit, le public aura toujours besoin d’une information de qualité afin d’apprivoiser la science, qui est de plus en plus complexe et qui progresse très vite. Le défi, c’est de proposer un contenu intelligible, d’éclairer les gens, d’apporter une perspective et une profondeur aux faits.»