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La diplomatie du savoir au service du bien commun

Le recteur Robert Proulx est intervenu devant 800 participants au congrès annuel du Bureau canadien de l’éducation internationale.

21 novembre 2014 à 16 h 11

Mis à jour le 25 novembre 2014 à 10 h 11

Gilles Breton, professeur à l’Université d’Ottawa, Fantaw Aw, présidente du conseil d’administration de NAFSA, et le recteur Robert Proulx.

Le recteur de l’UQAM, Robert Proulx, a présenté une allocution sur le thème de la diplomatie du savoir, le 20 novembre dernier, lors d’une séance plénière du congrès annuel du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI). Cet événement réunissait quelque 800 participants venus de partout dans le monde, dont le Gouverneur général du Canada, David Johnston. Le directeur du Service des relations internationales de l’UQAM, Sylvain St-Amand, était le maître de cérémonie de la séance.

Le recteur a expliqué comment il concevait la relation entre la diplomatie et le savoir. Pour se déployer, la diplomatie requiert de ses «agents» qu’ils disposent d’un important bagage de connaissances, a-t-il souligné. Connaissance de soi, c’est-à-dire de tout ce qui touche le pays d’origine, mais aussi et surtout connaissance de l’autre – sa langue, sa culture, ses traditions, ses coutumes. «Sans ces connaissances, c’est l’échec assuré, a lancé Robert Proulx. On peut donc dire que le savoir – incluant le savoir produit et diffusé par les chercheurs universitaires – s’avère essentiel à la diplomatie. Toutefois, rien ne garantit qu’il sera utilisé à bon escient. Il peut tout autant contribuer à favoriser des liens d’amitié entre les peuples qu’à assurer le maintien de rapports de dépendance entre les pays.»

Si le savoir peut se mettre au service de la diplomatie, l’inverse est aussi vrai. Les collaborations internationales de recherche et de formation, la mobilité étudiante, la libre circulation des chercheurs, sont autant de domaines où l’action diplomatique peut s’avérer utile à la science, a noté le recteur. Comment ? En permettant d’aplanir les obstacles d’ordre administratif, juridique, politique ou économique.

Ce mouvement d’internationalisation, encouragé et soutenu par l’action diplomatique, comporte néanmoins des risques de dérive, a indiqué Robert Proulx en évoquant notamment les pressions des gouvernements sur les universités afin qu’elles intensifient leurs efforts de recrutement étudiant à l’étranger. «Satisfaire aux exigences de la mondialisation de l’économie, se lancer dans une concurrence effrénée à l’échelle mondiale et utiliser l’internationalisation pour compenser la chute démographique. Est-ce là le rôle des universités? Je ne crois pas», a souligné le recteur.

Un rôle citoyen au niveau global

Le recteur a rappelé que l’université, aujourd’hui, assume un rôle citoyen tant au niveau local que global. «Cette responsabilité sociale, a-t-il dit, renvoie au niveau mondial à des pratiques d’accueil d’étudiants étrangers, de mobilité professorale et étudiante, de collaboration de recherche entre experts d’ici et d’ailleurs, de collaboration avec des ONG internationales et de relations Nord-Sud tissées dans le cadre d’organisations universitaires internationales.»

Robert Proulx a fait aussi référence aux engagements de recherche sur les grands enjeux planétaires – santé des populations, éducation, lutte à la pauvreté, droits humains, changements climatiques, démocratie et maintien de la paix – ainsi qu’à la démocratisation de l’accès à l’éducation supérieure et à la mission de diffusion élargie des résultats de la recherche avec des initiatives comme le mouvement du libre accès.

Pour le recteur, la diplomatie du savoir ne pourra constituer une passerelle vers un avenir commun sûr, durable et équitable que si deux grandes conditions sont réunies. D’abord, une volonté politique de prendre en compte les préoccupations de la communauté scientifique internationale, de prendre appui sur les données probantes issues de la recherche scientifique et de recourir aux expertises développées au sein des réseaux de recherche internationaux auxquels participent des chercheurs issus d’universités du Nord et du Sud. Ensuite, un engagement citoyen des universités à prendre position et à porter au dehors leur savoir.

Des contributions uqamiennes

Le recteur a conclu son allocution en illustrant la contribution des universités à la diplomatie du savoir. Il a donné l’exemple du professeur René Laprise, du Département de sciences de la Terre et de l’atmosphère, qui a participé dans les années 2000 aux travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Le professeur a publié avec ses collègues, en 2007, le 4e Rapport d’évaluation du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, qui a valu au groupe le prix Nobel de la paix.

Robert Proulx a aussi cité l’exemple de Bernard Duhaime, professeur au Département dse sciences juridiques, qui a été nommé membre du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Bernard Duhaime contribue depuis près de 20 ans à la promotion et la défense des droits humains.

«J’aurais pu aussi évoquer le travail de nos chaires UNESCO – en philosophie, en communication, en éducation, en environnement –, de nos boursiers du programme Fulbright, des consortiums de recherche internationaux auxquels participent nos chercheurs, des stages de coopération à l’étranger que nous encourageons ou du travail de consultant à l’international que mènent nombre de nos professeurs, a déclaré le recteur. Autant de voies qui permettent à l’université de se positionner comme un acteur clé en matière de résolution de problèmes à l’échelle internationale, notamment en ce qui a trait aux grands défis que nous avons à relever pour assurer notre avenir commun.»

Le texte de l’allocution présentée par le recteur est accessible en ligne sur le site du rectorat: http://www.uqam.ca/rectorat/allocutions/all2014-11-20.pdf