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Personnalisation de masse

Un colloque international présente les dernières découvertes en matière de sur-mesure de masse.

Par Valérie Martin

16 octobre 2015 à 9 h 10

Mis à jour le 16 octobre 2015 à 9 h 10

Le BodyScan de la compagnie québécoise TechMed 3D.Photo: TechMed 3D

Sur son portable, une jeune femme assiste en temps réel à la confection de son nouveau manteau en usine. Des pompiers participent à une séance d’habillage au cours de laquelle ils doivent préciser leurs besoins pour la fabrication de leur uniforme de travail personnalisé. Le sur-mesure de masse (ou mass customization) consiste à (re)créer un produit de consommation courante sur mesure, en fonction des caractéristiques et des préférences de chaque acheteur/consommateur. Les domaines du design, de la mode de l’architecture, de la construction et des services sont touchés par ce phénomène possible grâce à l’apport des technologies.

Jocelyn BellemarePhoto: Émilie Tournevache

Lieu de découverte des tendances et autres avancées dans le domaine, la World Conference on Mass Customization, Personalization and Co-Creation (MCPC 2015), un événement biennal qui existe depuis 2001, aura lieu au Cœur des sciences du 20 au 22 octobre prochains. Organisée par l’ESG UQAM, l’édition 2015 aura une saveur bien montréalaise. «Je veux démontrer que la ville est une plateforme d’innovation et de créativité», déclare le professeur Jocelyn Bellemare, du Département de management et technologie. Celui qui enseigne également à l’École supérieure de mode agit à titre de responsable du comité organisateur de la conférence internationale.

Un produit rapide, pas cher et personnalisé

«Pour les fabricants et les manufacturiers, le sur-mesure de masse est une manière de travailler étroitement avec le client et de créer une expérience», explique le professeur, qui vient de terminer sa thèse de doctorat en génie industriel à l’École polytechnique sur le phénomène. Les consommateurs ont la possibilité d’acheter des produits qui correspondent davantage à leurs besoins et à leurs goûts. «L’idée, c’est d’acheter moins et mieux», précise Jocelyn Bellemare.

Dans l’industrie de la mode et de l’habillement, le BodyScan, un appareil en 3D qui prend les mensurations des clients avec une précision chirurgicale, est très populaire. Le consommateur se retrouve avec un vêtement qui lui va comme un gant. Il peut en modifier la coupe, faire des ajouts, «et même développer son propre style et créer une nouvelle pièce, explique Jocelyn Bellemare. On parle alors de co-création; le client devient co-créateur du vêtement.»

Pour être rentables, les compagnies doivent produire du volume. Le sur-mesure de masse implique les notions de rapidité et de flexibilité. «L’entreprise doit être capable de livrer rapidement les produits, et ce, à des prix compétitifs, équivalents à celui du produit standard», dit le professeur.

Tisser des liens

Plus de 200 personnes sont attendues au colloque MCPC, parmi lesquelles des chercheurs, des étudiants aux cycles supérieurs, des chefs d’entreprise, des entrepreneurs, des consultants ainsi que des professionnels de plusieurs domaines comme ceux de la mode et de l’habillement, du design, de l’architecture, de la construction et des nouvelles technologies. Une soixantaine d’événements, ateliers et conférences mettront en contact des entrepreneurs, des développeurs de technologies et des chercheurs avec des dirigeants qui mettent déjà en pratique des stratégies de personnalisation et de co-création au sein de leurs équipes de travail et avec leur clientèle. «L’objectif de la conférence est de tisser des liens entre les professionnels de différents milieux, de stimuler l’innovation et la créativité et de donner des outils aux entrepreneurs afin de mieux les orienter dans leurs démarches», complète Jocelyn Bellemare.

Le colloque de cette année aura pour thème «La gestion de la complexité» (Managing Complexity). Les dirigeants et autres gestionnaires doivent gérer des situations de plus en plus complexes tout en essayant de se différencier. «Plus on veut se différencier, plus il faut pousser loin l’offre de personnalisation, souligne Jocelyn Bellemare. De cette manière, on ne peut être copié et l’on crée de la valeur ajoutée.»

Parmi les conférenciers invités au MCPC, Sébastien Ebacher, producteur chez Ubisoft, Valérie Desjardins et Valérie Lamontagne, respectivement responsable de la section Recherche et développement des costumes et artiste-designer en médias numériques pour le Cirque du Soleil, discuteront des stratégies de gestion des équipes de création en lien avec la complexité des commandes personnalisées. La sommité mondiale Frank Piller, du Smart Customization Group du Massachusetts Institute of Technology (MIT), prononcera une conférence sur le sur-mesure de masse.

Les professeurs Javier Olleros (sur l’innovation ouverte), du Département de management et technologie, Carlo Carbone (sur les modèles collaboratifs open source en architecture), de l’École de design, Anik St-Onge (sur les impacts des top models sur l’estime de soi et les intentions d’achat des consommatrices), et Sandrine Prom Tep (sur l’expérience de l’usager), du Département de marketing, participeront au colloque. Des dirigeants de Bombardier, d’Ubios, une entreprise montréalaise émergente fabriquant des produits pour la maison intelligente, et de Mechlar, une entreprise québécoise de réalité augmentée, comptent également parmi les participants. La designer et chargée de cours Danielle Martin, de l’École supérieure de mode, présentera The dynamism of a hand waving/Dynamisme d’une main en mouvement, une robe de nylon blanc, tissée et imprimée au moyen d’une imprimante en 3D. L’œuvre a été créée par 3dTrio, un collectif formé de Danielle Martin et de ses collègues designers Leila Ligougne et Sasha de Koninck.

La soirée de lancement du MCPC sera organisée par le Living Lab Montréal (centre de co-création et d’innovation ouverte) en collaboration avec le Bureau de la ville intelligente et numérique de la Ville de Montréal.