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Appui de taille au libre accès

Les trois grands organismes subventionnaires fédéraux adoptent une politique harmonisée afin de favoriser la publication scientifique en libre accès.

Par Pierre-Etienne Caza

12 mars 2015 à 14 h 03

Mis à jour le 16 mars 2015 à 9 h 03

Archipel, le dépôt institutionnel en libre accès de l’UQAM.

Un autre pas en faveur du libre accès a été franchi dans le domaine des publications scientifiques. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) ont annoncé récemment l’adoption d’une politique harmonisée sur le libre accès aux publications de recherche. Cette politique stipule que tout article publié dans une revue avec comité de lecture issu de travaux de recherche financés par l’un des trois organismes subventionnaires fédéraux doit être offert gratuitement en ligne dans les 12 mois suivant sa publication. «Nous sommes ravis de cette annonce, car cette politique incitera de plus en plus de chercheurs à adopter les pratiques liées au libre accès», explique Pierre Roberge, directeur des technologies de l’information au Service des bibliothèques.

L’objectif de cette politique est d’accroître l’accès aux résultats des travaux de recherche financés par les organismes, ainsi que la diffusion et l’échange de ces résultats. Les chercheurs appuyés par le CRSNG et le CRSH devront se conformer à la nouvelle politique pour toute subvention qui leur sera accordée à compter du 1er mai 2015. Les chercheurs appuyés par les IRSC, quant à eux, se plient déjà à cette exigence en vertu d’une politique semblable en vigueur depuis 2008.

Cette nouvelle politique fait suite à l’approbation des principes du libre accès par les trois organismes en 2010, ainsi qu’à une consultation en ligne à l’automne 2013, qui a permis de récolter les commentaires de plus de 200 personnes et groupes provenant du milieu de la recherche, de bibliothèques universitaires, d’associations savantes, d’organisations non gouvernementales, d’éditeurs et de revues.

Les chercheurs peuvent se conformer à la politique de libre accès en choisissant l’une des options suivantes : soit l’auto-archivage, qui consiste à verser leur manuscrit revu par des pairs dans un dépôt en ligne où il sera librement accessible dans les 12 mois suivant sa publication, soit la transmission de leur manuscrit à une revue qui offre le libre accès dans les 12 mois suivant sa publication.

Archipel

Créé en 2005, le dépôt institutionnel en libre accès de l’UQAM se nomme Archipel. Celui-ci contient la presque totalité des thèses et des mémoires déposés depuis 2006, mais encore trop peu d’articles scientifiques, déplore Pierre Roberge. «Ce sont surtout les chercheurs convaincus du libre accès qui ont déposé tout leur corpus, dit-il. Il faut convaincre les autres d’y adhérer.»

Pierre Roberge Photo: Nathalie St-Pierre

Pour ce faire, les responsables du dépôt institutionnel ont procédé à quelques améliorations notables du site Web Archipel au cours de l’automne dernier. Le design, d’abord, a été revampé afin que le site soit plus agréable à consulter. La nouvelle page est plus aérée que l’ancienne. Le formulaire de recherche est placé bien en évidence et la section «Parcourir» permet d’explorer le contenu par année, par auteur ou par unité d’appartenance. Il est également possible de consulter les statistiques de téléchargements du site, ainsi que de prendre connaissance des ajouts récents.

On retrouve également deux boutons bien visibles tout en haut de la page: “Déposer” et “Obtenir du soutien”. «Nous avons simplifié le formulaire de saisie de données et développé des procédures permettant le chargement automatisé de corpus d’articles répondant à certains critères, note Pierre Roberge. En tout temps, les chercheurs qui le souhaitent peuvent trouver le nom d’un ou une bibliothécaire attitré à leur département afin d’obtenir de l’aide.»

Les questions peuvent être nombreuses, poursuit Pierre Roberge. «Certains chercheurs se demandent si leur éditeur leur permet de déposer leurs articles en libre accès, d’autres quelles sont les versions qu’ils peuvent y déposer. Il y a des ressources pour vérifier cela, dont le site Sherpa Roméo, et les bibliothécaires sont là pour répondre à ce type d’interrogations.»

Un groupe de travail

Au cours des derniers mois, Pierre Roberge a participé aux travaux d’un groupe de travail sur le libre accès, composé d’une dizaine de représentants des constituantes et du siège social de l’Université du Québec (UQ). L’objectif du groupe était de déterminer les conditions favorables au libre accès en s’appuyant notamment sur un modèle de dépôt institutionnel permettant l’archivage et la diffusion de l’ensemble des publications savantes produites par les chercheurs dans chacun des établissements du réseau de l’UQ.

Leurs recommandations, ainsi que l’ensemble du rapport du groupe de travail, ont été présentés à tous les vice-recteurs académiques des constituantes du réseau de l’UQ. «Nous avons exploré plusieurs pistes intéressantes, souligne Pierre Roberge. L’un des objectifs est ambitieux: que 50 % des articles qui sont publiés chaque année soient disponibles en libre accès d’ici 2018. Cela dit, chaque constituante n’est pas rendue au même point mais disons que l’UQAM, à travers les services déjà en place et l’incitatif que constitue la nouvelle politique des organismes subventionnaires, est bien outillée pour espérer atteindre cet objectif.»