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Vivre au milieu des œuvres d’art

Conservatrice adjointe à la Galerie de l’UQAM, Audrey Genois coordonne les activités névralgiques de ce lieu phare de l’art émergent.

Par Valérie Martin

16 février 2015 à 16 h 02

Mis à jour le 24 février 2016 à 12 h 02

Série Dans les coulisses de l’UQAM
Des employés de l’UQAM, ceux qui, dans les coulisses, assurent le bon fonctionnement de l’Université, parlent de leur rôle au sein de notre institution.

Audrey GenoisPhoto: Nathalie St-Pierre

Adolescente, Audrey Genois (M.A. muséologie, 02) rêvait de vivre dans un monde peuplé d’œuvres d’art. Conservatrice adjointe à la Galerie de l’UQAM et bras droit de sa directrice Louise Déry – une référence dans le milieu –, la jeune femme est comblée. Outre la conservation de la collection, c’est elle qui s’occupe de la coordination de toutes les activités névralgiques de la galerie, des acquisitions aux expositions, en passant par les publications.

Lieu phare de l’art émergent à Montréal, la Galerie de l’UQAM présente trois à quatre expositions par année (sans compter l’exposition annuelle des finissants de l’École des arts visuels et médiatiques), dont plusieurs circulent à l’extérieur du Québec et à l’étranger. Dans son travail de coordination des expos, Audrey Genois se décrit comme une chef d’orchestre. «Je fais le lien entre les artistes, les commissaires, les collectionneurs privés et les galeries, résume-t-elle. Je parle avec un galeriste afin d’obtenir son accord pour le prêt d’une œuvre, je convaincs un artiste de participer à l’une de nos expos, je m’assure de la bonne réception des œuvres ou de leur transport, etc.»

Une exposition est planifiée jusqu’à deux ans d’avance. «Il y a beaucoup de demandes de subvention à remplir et, par la suite, il faut voir ce qu’il est possible de faire avec les moyens financiers et l’espace dont nous disposons. Entre le projet sur papier et l’exposition finale, tout peut changer!» dit Audrey Genois.

Quand une exposition voyage à l’étranger, la jeune femme est appelée à préparer les cahiers techniques et à se rendre sur place pour le décaissage, soit l’art de déballer les œuvres de leurs cartons de transport avec le plus grand soin. Par le passé, la galerie de l’UQAM a présenté les œuvres d’artistes comme Manon de Pauw (M.A. arts visuels et médiatiques, création, 2003), à Paris, Shary Boyle, en Ontario, à Vancouver et à New York, ou Michael Snow, en France et en Turquie. «Nous avons établi au fil des années plusieurs collaborations avec des galeries à l’étranger, lance la conservatrice adjointe. Cela contribue à faire connaître le travail des artistes, dont plusieurs sont des diplômés de l’UQAM, tout en nous faisant aussi connaître.»

Deux nouvelles expos à l’étranger sont en préparation: l’une présentera les travaux d’Aude Moreau (M.A. arts visuels et médiatiques, 10), en solo au Centre culturel canadien, à Paris, et l’autre fera voir le travail de Jean-Pierre Aubé (M.A. arts visuels et médiatiques, 98) à la Biennale d’art de Venise.

Chaque année, la Galerie de l’UQAM publie au moins un livre d’artiste. «Notre spécialité, c’est la monographie d’artistes en mi-carrière (Manon de Pauw, David Altmejd), un recueil des œuvres bien souvent commentées par des experts du milieu de l’art venant à la fois enrichir le travail de l’artiste et en décoder le sens, explique Audrey Genois. En tant que galerie universitaire, nous avons le mandat de générer du savoir.»

Gérer la collection

Parmi ses nombreuses tâches, la conservatrice doit aussi s’occuper de la vaste collection de la Galerie. Celle-ci compte environ 4000 œuvres, dont la majeure partie provient de l’École des beaux-arts de Montréal. Lors de la fondation de l’UQAM, en 1969, l’École a été incorporée à l’Université et cette dernière, du coup, a hérité d’une collection constituée d’objets d’art de diverses époques et provenances, dont une momie égyptienne et près de 3000 gravures d’étudiants de l’atelier d’Albert Dumouchel, célèbre professeur aux Beaux-Arts.

«J’ai débuté comme stagiaire à la Galerie en 2002 et, à l’époque, l’inventaire de la collection, datant de 1996, n’existait que sur papier!», raconte la conservatrice. Audrey Genois a participé à la numérisation de l’inventaire, dont une majeure partie peut être consultée en ligne sur le site Web du Réseau canadien d’information sur le patrimoine (Artefacts Canada). Quant à la collection, elle est désormais entreposée dans un centre spécialisé en conservation d’œuvres d’art, le Centre des collections muséales, situé dans le sud-ouest de Montréal.

Des œuvres sur le campus

Autre dossier sous sa responsabilité: le prêt de quelque 200 œuvres de la collection exposées sur le campus de l’Université, en particulier dans les bureaux de la direction au pavillon Athanase-David. «Il faut en faire l’inventaire tous les deux ans, corriger les fiches d’information, au besoin, refaire les contrats de prêt, puisque parfois les gens qui en étaient signataires ne sont plus au même poste, et vérifier les conditions dans lesquelles les œuvres sont ”exposées”. La luminosité et l’humidité peuvent grandement les affecter», explique Audrey Genois.

La conservatrice est assistée dans ses tâches par des stagiaires en muséologie, pour lesquels elle a également préparé un guide méthodologique. «Nous accordons une grande place à la relève, remarque la conservatrice, expliquant que les stages aident les étudiants à mieux comprendre le marché de l’art et la carrière d’artiste.

Une politique d’acquisition

Depuis quelques années, la Galerie de l’UQAM fait aussi l’acquisition d’œuvres de diplômés, de professeurs et d’artistes proches de la galerie. «Depuis que nous nous sommes dotés d’une politique d’acquisition, en 2003, la collection est de plus en plus ”cohérente” et témoigne davantage des activités de recherche et d’apprentissage de l’Université», relève Audrey Genois. Comme l’Université n’a pas de budget pour acheter des oeuvres, elles sont offertes en don. «On travaille par microcorpus d’artistes, c’est-à-dire que nous privilégions le choix de deux à trois œuvres qui sont les plus représentatives à nos yeux du travail de l’artiste, explique Audrey Genois, qui s’occupe des dossiers d’acquisition– un processus long et minutieux – tout en formant des stagiaires et des étudiants en muséologie à ce travail. Les dossiers sont ensuite soumis au comité d’acquisition. «Nous croyons beaucoup au mentorat», ajoute celle qui a elle-même trouvé une mentore en Louise Déry.

Faire l’acquisition d’une œuvre nécessite réflexion, mentionne la conservatrice. «On n’acquière pas n’importe quoi, n’importe comment. Cette œuvre va se retrouver dans notre collection à perpétuité. On doit être certain que c’est la bonne…»