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Vers une économie collaborative?

Les Québécois utilisent de plus en plus de services associés à l’économie du partage, révèle le Baromètre de la consommation responsable.

24 novembre 2015 à 12 h 11

Mis à jour le 2 décembre 2015 à 8 h 12

Les comportements de consommation collaborative constituent une tendance lourde, soutient le professeur Fabien Durif. Photo: Istock

Des services de partage comme Kijiji, Airbnb et Uber sont de plus en plus populaires auprès des Québécois, révèle l’édition 2015 du Baromètre de la consommation responsable au Québec. Réalisé pour une sixième année consécutive par l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’ESG UQAM, avec le soutien d’Éco Entreprises Québec, le baromètre dresse le portrait des comportements des consommateurs québécois des six dernières années. Par leurs préoccupations et leurs attitudes, les Québécois visent une société de consommation différente: 87,7 % d’entre eux pensent qu’il faut revoir les modes de vie et de consommation.

«Depuis 2010, l’Indice de consommation responsable (ICR) continue sa progression et atteint son sommet en 2015, indiquant ainsi un véritable changement comportemental chez les citoyens, souligne Fabien Durif, professeur au Département de marketing et directeur de l’Observatoire. Les consommations alternatives – les biens d’occasion, le collaboratif, le fait maison – sont en train de transformer progressivement l’économie traditionnelle. Cela incite les entreprises à innover en offrant des produits et services qui répondent aux nouvelles attentes des consommateurs.»    

 Une tendance lourde

Pour la première fois, l’Observatoire a mesuré les comportements de consommation collaborative. «Ces comportements ne sont pas négligeables et n’ont rien à voir avec un phénomène de mode. Depuis trois ans, on parle même d’une tendance lourde. En France et en Suède, Ikea a mis en place une plateforme collaborative et revend des produits d’occasion», note Fabien Durif.

Les résultats montrent que certaines pratiques connaissent un grand succès, notamment l’utilisation de plateformes Web entre particuliers – Kijiji ou LesPAC – pour acheter/vendre/recevoir/donner des objets usagés (44,9 % des répondants l’ont fait au cours des 12 derniers mois). Par ailleurs, un Québécois sur cinq a utilisé des plateformes Web afin d’offrir des services associés au logement, au covoiturage, au cojardinage ou au financement participatif. «Ceux qui pratiquent le plus la consommation collaborative sont des jeunes (près des deux tiers ont moins de 44 ans), le plus souvent des hommes, célibataires, locataires et essentiellement urbains (40 % vivent à Montréal)», souligne le professeur

Le Baromètre indique également la popularité croissante d’Airbnb et d’Uber. Au cours des 12 derniers mois, 9,4 % des Québécois ont déclaré avoir utilisé leurs services.

Devant les polémiques naissantes concernant l’économie du partage, les Québécois utilisateurs de ces services ne les perçoivent pas comme illégaux (4,7 % pour Airbnb et 13,6 % pour Uber). De plus, ils ne sont pas favorables à leur réglementation.

Autres constats

Les Québécois se sont appropriés le «fait maison», en particulier en matière d’alimentation, le recyclage et la transformation, ainsi que la réparation et la rénovation. Les bénéfices économiques et environnementaux sont leurs principales motivations.

Les Québécois âgés de 45 à 64 ans représentent toujours la génération la plus responsable. Toutefois, depuis 2010, les comportements responsables ont surtout progressé chez les 25-44 ans. En 2015, pour la première fois, l’écart des comportements de consommation responsable entre les hommes et les femmes n’est plus significatif.

La consommation locale continue, par ailleurs, d’être un objet d’engouement, se situant au deuxième rang parmi les comportements de consommation responsable.

Enfin, Cascades trône toujours en tête du palmarès de l’entreprise et de la marque perçue comme la plus responsable par les Québécois. Fabien Durif souligne l’importance pour une marque responsable de cultiver sa crédibilité, car les résultats soulignent que les Québécois recommandent ce type de marque (89,6 %). «Même s’il existe encore de la méfiance à l’égard des publicités environnementales et de l’engagement des marques envers le développement durable, les résultats montrent qu’une marque perçue comme responsable et crédible augmentera son capital symbolique» observe le professeur.