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Bienvenue aux cyclotouristes!

Une étude révèle que les voyageurs à vélo constituent des touristes de qualité pour les régions du Québec.

Par Pierre-Etienne Caza

23 avril 2015 à 9 h 04

Mis à jour le 29 avril 2015 à 14 h 04

Avec ses 5 000 kilomètres, la Route Verte traverse 16 régions, dont le Centre-du-Québec.Photo: Stéphane Daoust/Tourisme Centre-du-Québec

Le voyageur à vélo dépense 6 % de plus que les autres touristes d’agrément au Québec, révèle une étude réalisée l’été dernier auprès de plus d’un millier de cyclotouristes par la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM. «Cela contredit l’image populaire selon laquelle les amateurs de vélo – et souvent de camping – s’offrent des vacances à faible coût, remarque Claude Péloquin, directeur des études à la Chaire. Dans les faits, ils dépensent simplement leur argent ailleurs, notamment dans de bons restaurants.»

Commandée par Vélo Québec et les associations touristiques régionales de 10 régions du Québec (Bas-Saint-Laurent, Québec, Mauricie, Cantons-de-l’Est, Lanaudière, Laurentides, Outaouais, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Centre-du-Québec et Montérégie), avec la collaboration du ministère du Tourisme, cette étude avait pour objectif d’établir le profil des touristes à vélo, autant la clientèle québécoise que celle provenant de l’extérieur de la province.

Le profil des cyclotouristes

Il existe trois profils de voyageurs à vélo, nous apprend l’étude: ceux pour lesquels le vélo est une activité parmi d’autres; ceux dont le but principal est le vélo; et les purs et durs qui partent carrément en vacances à vélo, sans automobile.

Les deux tiers des touristes à vélo sont âgés de 46 à 65 ans. Plus des deux tiers possèdent un diplôme universitaire et près de la moitié voyagent en couple, sans enfant.

Les touristes de l’extérieur du Québec proviennent de l’Ontario (44 %), du nord-est des États-Unis (19 %), des autres États américains (17 %), des autres provinces canadiennes (9 %) et d’Europe (9 %). Les touristes à vélo provenant de l’extérieur du Québec disposent d’un revenu familial annuel plus élevé que celui des cyclotouristes québécois: 52 % des répondants hors Québec gagnent 100 000 dollars ou plus comparativement à 35 % chez les Québécois.

La durée du séjour

«La durée moyenne des séjours est de quatre nuitées pour les touristes québécois et de sept nuitées pour les gens de l’extérieur de la province», précise Claude Péloquin. Près de la moitié des touristes à vélo ont indiqué avoir parcouru 200 kilomètres ou plus lors de leur séjour au Québec. «La Route verte jouit d’une forte notoriété, ajoute-t-il. Elle est connue par 95 % des touristes à vélo et 65 % d’entre eux l’ont empruntée lors de leur dernier séjour.»

La Route verte

Idée originale de Vélo Québec réalisée avec le gouvernement du Québec et des partenaires régionaux, la Route verte est le plus grand itinéraire cyclable en Amérique du Nord. Elle compte 5000 kilomètres; plus de 1 900 kilomètres sur piste et près de 3 400 kilomètres sur route. Elle traverse 312 municipalités dans 16 régions du Québec: d’ouest en est depuis le Témiscamingue et l’Outaouais (Gatineau) jusqu’à la Gaspésie (Gaspé); et du nord au sud depuis l’Abitibi, les Laurentides, le Saguenay-Lac-Saint-Jean vers le Centre-du-Québec et l’Estrie.

Les touristes à vélo choisissent différents types d’hébergement. Si les jeunes préfèrent encore le camping, leurs aînés le combinent souvent avec des nuitées dans une auberge, un gîte ou un hôtel. L’autre poste de dépense important est la restauration.

En plus de participer à l’économie des régions, «les touristes à vélo contribuent également à l’allongement de la saison touristique au Québec, note Claude Péloquin, car ils effectuent des séjours dès le mois de juin et également en septembre.»

Préserver les paysages

La satisfaction de l’expérience à vélo vécue au Québec récolte un 9 sur 10 et les deux tiers des répondants prévoient retourner dans la même région au cours des deux prochaines années. «La beauté des paysages, l’hébergement, la sécurité et la qualité des circuits cyclables, notamment le réseau de la Route verte, contribuent à ce degré de satisfaction», souligne le chercheur.

Claude PéloquinPhoto: Émilie Tournevache

Les Cantons-de-l’Est et les Laurentides figurent au sommet des régions les plus appréciées par les touristes à vélo, notamment en raison de la facilité d’accès et de la beauté des paysages. «Les Américains, particulièrement, adorent nos paysages. Il importe de préserver ces derniers de la pollution visuelle», ajoute Claude Péloquin.

Les Québécois sont plus sévères que les visiteurs de l’extérieur envers leur expérience à vélo au Québec. Ceux qui ont eu la chance de rouler par exemple sur les cycloroutes nationales du Danemark, d’emprunter le National Cycle Network de Grande-Bretagne ou de profiter des itinéraires du Danube et du Rhin, qui traversent cinq pays, sont forcément plus critiques. «Les infrastructures européennes sont difficiles à battre en termes de tourisme à vélo», reconnaît le chercheur.

Quelques suggestions

Les répondants ont émis quelques suggestions afin d’améliorer l’expérience à vélo au Québec. Celles-ci visent notamment la qualité des routes, des accotements cyclables plus larges, une plus grande courtoisie de la part des automobilistes, une meilleure signalisation et une augmentation des pistes cyclables asphaltées et séparées physiquement de la circulation routière. Les principaux acteurs dans le domaine devront redoubler d’ingéniosité, car les restrictions budgétaires du gouvernement québécois ont un impact direct sur les budgets servant à maintenir en bon état le réseau cyclable du Québec.

«C’est dommage, note Claude Péloquin, parce que la concurrence est féroce à l’échelle internationale. Promouvoir le tourisme au sens large n’est plus suffisant. Il faut se concentrer sur des créneaux particuliers et certaines régions veulent miser davantage sur le tourisme à vélo.»