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Engagée dans son époque

La Bibliothèque centrale accueille une exposition consacrée aux 75 ans de la revue Relations.

Par Claude Gauvreau

1 mars 2016 à 15 h 03

Mis à jour le 3 mai 2016 à 9 h 05

Numéro 782, février 2016.

Créée en 1941 par les jésuites, la revue Relations est l’une des plus anciennes publications francophones du Québec. Depuis sa naissance, elle fait la promotion d’une société plus juste et plus solidaire en prenant parti pour  les laissés-pour-compte. Afin de souligner son 75e anniversaire, la Bibliothèque centrale accueille, du 7 mars au 21 avril, l’exposition Relations. Une revue engagée dans son époque.

L’exposition rappellera de quelle façon la revue a accompagné les luttes sociales et a traité des grands enjeux sociaux, politiques et culturels auxquels la société québécoise a été confrontée au cours des sept dernières décennies. «Relations est une revue oécuménique, dont les artisans sont des laïcs, qui propose une diversité de voix: celles de chercheurs, de penseurs, d’acteurs sociaux et d’artistes de différentes générations, croyants et non-croyants, qui portent un regard critique sur les enjeux de notre époque», souligne Louis Rousseau, professeur associé au Département de sciences des religions et membre du comité de rédaction de Relations, dont font aussi partie les chargés de cours Guy Dufresne (science politique) et Jonathan Durand Folco (philosophie)..       

Alors que l’essor des réseaux sociaux favorise souvent la primauté de l’opinion sur l’analyse, Relations, avec quelques autres revues socio-culturelles, privilégie la réflexion au  moyen, notamment, de dossiers fouillés et de reportages, mais aussi de chroniques culturelles et littéraires. «Féminismes: état des lieux», «Le Nord pour tous, vraiment?», «L’Inde, terre de luttes et d’espoirs», «La retraite: une responsabilité collective», «Faire front contre la droite canadienne», «Sortir du “choc des civilisations”» comptent parmi les thèmes qui ont fait l’objet de dossiers dans les numéros des dernières années. «Peu de revues québécoises publient autant d’articles sur des sujets aussi variés, note le professeur. Bien que centrée sur l’analyse de la situation économique, sociale et politique du Québec, Relations s’intéresse aussi aux questions culturelles et aux événements sur la scène internationale.»

Une orientation progressiste

La revue s’est fait connaître en publiant, en 1948, un reportage choc sur la silicose, une maladie professionnelle qui avait causé la mort de dizaines de mineurs dans un petit village des Laurentides. Relations avait alors dû limoger son directeur sous la pression du régime duplessiste, allié de la compagnie Noranda Mines.

«À l’époque de la Révolution tranquille, la revue affichera des positions plutôt conservatrices, par comparaison avec celles défendues par la revue Maintenant des pères dominicains», observe Louis Rousseau. Puis, à partir des années 1970, Relations adopte une orientation résolument progressiste. Elle se prononcera, entre autres, pour la déconfesionnalisation des écoles, bien avant le rapport Proulx. «Proche des mouvements sociaux, la revue défend une position critique à l’égard de la domination des plus faibles par les puissants, indique le professeur. Elle donne la parole à plusieurs organisations de la société civile qui combattent l’ordre néolibéral et cherchent des sentiers nouveaux sur les plans économique, politique, social et culturel.»

Au fil des ans, Relations a aussi évolué sur le plan de la forme. Au tournant des années 2000, la revue abandonne son caractère austère sous la direction d’un nouveau rédacteur en chef, Jean Pichette (B.Sc. économiques, 1986; M.A. sociologie, 1988), alors journaliste au Devoir. Look léché, papier glacé, couverture couleur, mise en page aérée, illustrations, chroniques littéraires et artistique, Relations se modernise.

Aujourd’hui, à l’occasion de son 75e anniversaire, la revue fait encore peau neuve: nouvelle maquette, rubriques agencées différemment, nouvelle chronique, Questions de sens, qui sera signée en alternance par l’écrivaine Hélène Dorion et le théologien Guy Côté. Cette année, chaque édition se conclura avec un carnet du cinéaste Bernard Émond. Les trois premiers numéros de 2016 proposeront une trilogie sur les thèmes de L’amour du monde, de la résistance et de la création. Ils seront illustrés par des artistes qui ont accompagné la revue depuis 2000, dont les diplômés Lino (B.A. design graphique, 2003) et Janice Nadeau (B.A. design graphique, 2002).   

La revue fera désormais partie de la collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Quelque 760 numéros publiés entre 1941 et 2012 y seront disponibles pour consultation, et ce, gratuitement. Il est aussi possible de s’abonner à la version numérique de la revue à partir de son site Web.

Le vernissage de l’exposition aura lieu le 7 mars, à 18h 30, et sera suivi, à 19h 30, d’une conférence de l’écrivain et philosophe Jean Bédard sur le thème de «l’amour du monde», qui se tiendra à la salle R-M130.