Série Acfas 2016
Un nombre record de chercheurs de l’UQAM ont organisé des colloques en vue du Congrès de l’Acfas 2016, qui se tiendra en nos murs du 9 au 13 mai. Actualités UQAM propose une sélection des événements scientifiques présentés par des Uqamiens dans divers domaines de la connaissance.
Une véritable éducation peut transformer radicalement aussi bien les individus que les États, disait John Dewey au tournant du 20e siècle. À l’inverse, une «éducation bancaire», qui viserait uniquement à préparer les jeunes au marché du travail, peut contribuer à maintenir les dynamiques systémiques oppressives, estimait Paulo Freire quelques décennies plus tard.
Aujourd’hui, quelle est la situation dans nos écoles? «Les futurs enseignants au primaire et au secondaire ne perçoivent pas l’importance de leur rôle dans le maintien d’une démocratie en santé. Ils se voient simplement comme des transmetteurs de savoirs disciplinaires. C’est très inquiétant pour l’avenir de notre société», affirme la professeure du Département de didactique Gina Thésée, coresponsable du colloque Démocratie, alphabétisation politique et éducation transformatoire : points de rencontres d’acteurs socioéducatifs et de perspectives critiques (11 mai). Ce colloque découle d’un projet de recherche du même nom financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (2012-2017).
Selon la chercheuse, une conception erronée de ce qu’est la démocratie peut en partie expliquer ce constat. «Plusieurs futurs enseignants associent démocratie à politique partisane et élections aux quatre ans – ce que l’on qualifie de démocratie mince. Or, la véritable démocratie – la démocratie dense – suppose un engagement citoyen, une participation active et un dialogue sur des enjeux complexes.»
Le déni du rôle des enseignants dans la démocratie ne s’observe pas qu’au Québec et au Canada. Le projet de recherche international sur la démocratie participative (Global Doing Democracy), auquel collabore également Gina Thésée, démontre que les futurs enseignants d’une douzaine de pays à travers le monde sont inconfortables face aux questions sociales. Renverser ce courant passe par la formation des maîtres, croit la professeure. «La formation des enseignants met beaucoup d’accent sur les dimensions pratiques, pédagogiques et disciplinaires de l’éducation, mais peu sur la dimension sociocritique, la capacité de poser des questions ou de déconstruire ce qui est présenté comme un fait.»
L’éducation à la démocratie pourrait avoir un impact significatif sur nos sociétés, qui se distinguent par une grande diversité culturelle, ethnique, religieuse et linguistique. «Cette diversité constitue à la fois une richesse et une source de conflits, affirme Gina Thésée. Les racismes, extrémismes violents et néocolonialismes traduisent un échec de l’éducation au bien-vivre ensemble. La finalité de l’éducation à la démocratie est de développer une plus grande justice sociale et environnementale, de contribuer à l’émancipation des personnes et de former des citoyens du monde pacifiques.»
