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Redécoupage électoral

Line Chamberland se porte à la défense de Sainte-Marie–Saint-Jacques au nom des minorités sexuelles.

Par Marie-Claude Bourdon

14 février 2017 à 15 h 02

Mis à jour le 15 février 2017 à 9 h 02

Selon le projet de refonte proposé par le directeur général des élections, le comté de de Sainte-Marie–Saint-Jacques serait amalgamé avec celui de Westmount–Saint-Louis, à l’ouest du centre-ville. Photo: Oknidius

Dans une lettre adressée au directeur général des élections du Québec (DGEQ), Line Chamberland, professeure au Département de sexologie et titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie, s’inquiète des conséquences du projet de refonte de la carte électorale sur la représentation des droits des minorités sexuelles.

«J’ignore si la forte présence des minorités sexuelles et de genre dans le comté Ste-Marie-St-Jacques a été prise en compte par le Directeur général des élections du Québec, écrit-elle, mais je m’interroge sérieusement sur les impacts indirects de la carte électorale proposée sur la représentation de ces minorités au sein de nos institutions démocratiques. L’adoption d’une carte électorale qui ferait disparaître le comté de Sainte-Marie–Saint-Jacques risque de pénaliser les minorités sexuelles et de genre.»

Selon le projet de refonte proposé par le DGEQ, le comté de de Sainte-Marie–Saint-Jacques (dans lequel se trouve l’UQAM) serait amalgamé avec celui de Westmount–Saint-Louis, à l’ouest du centre-ville. Après avoir annoncé que les délais légaux prévus pour les consultations sur le projet de refonte étaient expirés (la procédure visant à fixer les limites des 125 circonscriptions doit, en principe, se terminer dans 10 jours), le DGEQ Pierre Reid est revenu sur sa position et a annoncé qu’il était ouvert à de nouvelles consultations publiques.  Manon Massé, la députée de Québec Solidaire qui représente cette circonscription à l’Assemblée nationale, lui  a remis une pétition signée par 14 000 personnes réclamant un prolongement des consultations. Une modification de la loi électorale devra toutefois être adoptée pour permettre un tel prolongement.

«Les groupes des autres comtés qui étaient menacés de disparition ont eu des mois pour faire valoir leur point de vue, dit Line Chamberland en entrevue. On veut avoir le temps de défendre le nôtre.»

On sait qu’un premier projet de redécoupage de la carte, visant à fusionner les circonscriptions d’Outremont et de Mont-Royal, a été abandonné. L’importance de préserver la représentation des communautés anglophone et juive qui se retrouvent de façon concentrée dans ces circonscriptions libérales aurait d’ailleurs été défendue auprès du DGEQ.

« Grâce à la concentration territoriale des personnes LGBTQ (…) et à la présence de nombreux organismes qui défendent leurs droits, il leur est plus facile d’obtenir l’écoute de leur représentante ou de leur représentant. »

Line Chamberland,

Titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie

Or, on peut faire valoir le même type d’argument à l’égard des minorités sexuelles. «Grâce à la concentration territoriale des personnes LGBTQ (concentration toutefois bien relative puisque la majorité sont dispersées à travers le territoire québécois) et à la présence de nombreux organismes qui défendent leurs droits, il leur est plus facile d’obtenir l’écoute de leur représentante ou de leur représentant, actuel ou futur, à l’Assemblée nationale du Québec, quelle que soit son allégeance politique, écrit Line Chamberland dans sa lettre au DGEQ. Or il est essentiel de maintenir ce dialogue au niveau du comté local de même qu’au niveau national, à l’Assemblée nationale et dans les commissions parlementaires, afin de faire connaître les besoins des minorités sexuelles et de genre, un groupe encore discriminé et ostracisé malgré plusieurs avancées législatives, et afin de partager des solutions qui répondent à leurs besoins.»

Line Chamberland ne se prononce pas sur l’enjeu de la perte éventuelle d’un comté pour Québec Solidaire. «Ce que je dis, c’est que peu importe la personne élue, il est crucial pour les personnes LGBTQ de conserver Sainte-Marie–Saint-Jacques. Le poids de la communauté est assez lourd actuellement pour que la personne qui représente le comté défende ses intérêts. Si on dilue son importance, ce sera vraiment une perte, car il sera plus difficile pour ses membres de faire entendre leur voix.»