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Un programme revampé

Le baccalauréat en animation et recherche culturelles fait l’objet d’une refonte.

Par Claude Gauvreau

10 janvier 2017 à 15 h 01

Mis à jour le 26 janvier 2024 à 13 h 28

Les diplômés du baccalauréat en action culturelle oeuvrent dans une grande variété de milieux: musées, bibliothèques, centres culturels et de loisirs, maisons de la culture, entreprises culturelles, etc. Photo: Istock

Offert à l’UQAM depuis 1970, le programme de baccalauréat en animation et recherche culturelles fait peau neuve. «Il fallait repenser la mission de ce programme, l’un des plus anciens de l’Université, qui n’avait pas subi de modification majeure depuis près de 20 ans», souligne la professeure du Département de communication sociale et publique Anouk Bélanger, directrice de l’unité de programmes de premier cycle en animation et recherches culturelles.

L’UQAM demeure la seule université en Amérique du Nord à offrir ce type de  baccalauréat. S’inscrivant dans une perspective de démocratisation de la culture, celui-ci vise à former des agents culturels et de changement social. Le programme réformé, rebaptisé baccalauréat en action culturelle, entrera en vigueur à compter de l’automne 2017. «Les étudiants et les représentants des milieux culturels ayant participé à l’évaluation du programme souhaitaient un titre plus valorisant, évoquant le caractère polyvalent du baccalauréat, indique Anouk Bélanger. L’expression action culturelle est plus englobante et fait référence à un ensemble de stratégies d’animation et d’intervention sociale et culturelle.»  

Plusieurs raisons militaient en faveur d’une refonte. Les contenus de cours devaient être réactualisés en tenant compte des transformations du monde culturel, des développements des nouvelles technologies de communication et de l’accroissement de la diversité sociale, ethnique, culturelle et sexuelle. «Nous voulons former des professionnels capables de promouvoir l’accès à la culture, de concevoir des projets et activités culturelles, de comprendre les dimensions politiques et sociales de la culture et de lier l’action culturelle aux enjeux de l’inégalité et de la reconnaissance de la diversité», précise la professeure.

Un autre objectif était de consolider la réputation du programme auprès des milieux professionnels. «Des représentants de ces milieux, comme ceux du Service de la culture de Montréal, nous ont dit combien ils tenaient à ce programme unique», relève Anouk Bélanger.

Un nouveau tronc commun

Un aspect clé de la réforme concerne la dimension praxéologique de la formation, laquelle sera intégrée dans tous les cours obligatoires du tronc commun. «Cette dimension renvoie au mariage de la réflexion critique et de la pratique, note la professeure. On ne peut pas élaborer une programmation culturelle dans une maison de jeunes ou de la culture ni coordonner des activités de loisir dans un centre de formation populaire intervenant auprès d’une population immigrante si on ne comprend pas les problématiques sociales, politiques et culturelles sous-jacentes à ces milieux.»  

Le tronc commun a été repensé en fonction de ces préoccupations et a été restructuré autour de cinq grands axes: penser l’action culturelle, connaître les acteurs et les espaces de l’action, savoir organiser l’action, l’animer et l’évaluer. «L’ancien programme comportait des cours théoriques en sociologie et des cours d’animation en communication, sans jonction entre les deux», rappelle Anouk Bélanger. Désormais, les cours obligatoires du tronc commun couvriront tous les domaines de l’action culturelle. «Pour développer un projet d’activités ou d’événement, il faut comprendre ce qu’est la culture, comprendre le développement historique de l’action culturelle et de la culture populaire, au Québec et ailleurs. Grâce à ce nouveau tronc commun, les étudiants seront en mesure de mieux saisir ce que recouvre le spectre de l’action culturelle», assure la professeure.

Les étudiants pourront choisir des cours optionnels en lien avec divers terrains de l’action culturelle, qui représentent autant de lieux potentiels de travail: le culturel-artistique, le sociocommunautaire, les loisirs, les médias et les industries culturelles. «À la demande des étudiants, nous avons ajouté un volet “femmes/féminisme”, dit Anouk Bélanger. Les étudiants suivront aussi des cours dans le bloc “Analyse des pratiques”, qui touche des publics particuliers comme les jeunes, les immigrants, les femmes, les autochtones, et dans celui des “Outils culturels” – vidéo, théâtre, cinéma, radio –, pour développer des compétences pratiques.»

Stage d’immersion

Au terme de leur formation, les étudiants effectueront – comme c’était le cas jusqu’à maintenant – un stage de 600 heures dans un milieu professionnel, pouvant se réaliser sur une session (à temps plein) ou sur deux sessions consécutives (à temps partiel). «En resserrant les liens entre formation théorique et formation appliquée, le stage occupe une place centrale dans le baccalauréat en action culturelle, observe la professeure. Il permet aux étudiants de consolider leurs connaissances et de se confronter aux défis que rencontrent sur le terrain les professionnels de l’action culturelle. Grâce à cette immersion, le tiers des étudiants se trouvent un premier emploi à l’issue de leur formation.»

Programme contingenté

Le programme sera dorénavant contingenté et accueillera un maximum de 140 étudiants par année. «Cette mesure permettra d’assurer un meilleur encadrement des étudiants, souligne Anouk Bélanger. Nous sommes une petite équipe de cinq professeurs qui, avec les chargés de cours, enseignent à quelque 600 étudiants du baccalauréat et du certificat. Auparavant, les étudiants pouvaient s’inscrire au baccalauréat à l’automne ou à l’hiver. À l’avenir, les inscriptions se feront uniquement à la session d’automne. Le certificat, lui, demeure non contingenté. Nous continuerons quand même d’offrir nos programmes à plus de 500 étudiants par année.»

Le certificat en animation culturelle propose une formation actualisée, tout en demeurant axé sur l’animation terrain et l’intervention dans les domaines culturel, artistique, communautaire, des loisirs et des médias.

Débouchés professionnels

Les diplômés du baccalauréat et du certificat œuvrent dans une grande variété de milieux, comme les services municipaux et régionaux de culture et loisirs, les musées et les bibliothèques, les centres culturels et de loisirs, les services d’animation socioculturelle des institutions éducatives, les entreprises culturelles, les institutions gouvernementales, les festivals et les organismes culturels, artistiques et communautaires. Ils y occupent des postes d’agent culturel, de chargé de projet, de médiateur culturel, de coordonnateur d’activités, d’organisateur d’événements, etc.

Développer la recherche

Anouk Bélanger entend associer les étudiants aux activités de recherche du Laboratoire de l’action culturelle, qui sera réanimé au cours des prochains mois. «Nous allons soumettre une demande de financement pour un projet de recherche sur les métiers de la culture, dit-elle. Des liens sont aussi en voie d’être établis avec le Centre d’éducation populaire dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve et avec les Habitations Jeanne-Mance. Ma collègue Janik Bastien-Charlebois du Département de sociologie et moi avons un projet d’ouvrage sur l’action culturelle au Québec.»