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Concentration en action

Des séquences de mouvements simples peuvent améliorer la concentration.

Par Valérie Martin

7 mars 2017 à 11 h 03

Mis à jour le 7 mars 2017 à 15 h 03

La chargée de cours Danielle Larocque propose aux étudiants de faire une série de séquences de mouvements simples pour réveiller le corps durant les périodes d’études. Photo: istockphoto.com

Vous relisez le même paragraphe depuis 20 minutes? «Prenez une pause et bougez!», lance la chargée de cours au Département des sciences de l’activité physique Danielle Larocque. Grâce à une bourse de perfectionnement court destinée aux chargés de cours, l’enseignante et kinésiologue a mis au point une série de séquences de mouvements simples et efficaces pour aider les étudiants à mieux apprendre et à mieux se concentrer durant leurs périodes d’études ou même lorsqu’ils sont en classe.

L’idée est d’intégrer un travail corporel – sous forme de pauses régulières actives – à une stratégie d’étude pour en optimiser les résultats. «C’est l’aspect innovateur de la démarche: on travaille en complémentarité corps-esprit en passant d’abord par le corps», explique Danielle Larocque. L’approche corporelle proposée cible des mouvements fondamentaux d’éducation sensori-motrice qui «parlent» au système nerveux. «Il ne s’agit pas d’un programme de conditionnement physique, même si celui-ci a aussi des bienfaits sur la concentration, mais plutôt de séquences de mouvements venant stimuler nos réflexes archaïques pour donner la consigne au corps de se réveiller, de passer à l’action.»

Un exemple de mouvement faisant appel à nos réflexes archaïques? En position debout, se laisser tomber vers l’avant pour ensuite se ressaisir. «Le réflexe d’équilibration est un mouvement automatique, présent chez l’enfant comme chez l’adulte, qui nous protège en nous empêchant de tomber, explique Danielle Larocque. Quand on fait l’exercice, on ressent rapidement son effet coup de fouet.» Autre exemple: le mouvement qui active un des réflexes de redressement consiste «à amorcer le fait de se relever» en mettant tout son poids sur les pieds. «On se redresse, mais pas au complet, puis on se rassoit en contrôlant les jambes pour qu’elles restent bien écartées.»

Pour être efficaces, les mouvements doivent être répétés le plus souvent possible. «Le système nerveux apprend ainsi (par la répétition)», ajoute Danielle Larocque. L’enseignante propose aux étudiants de faire les exercices au moins trois fois par semaine et plusieurs fois par jour durant les périodes d’études. «On prend de courtes pauses, de deux à cinq minutes pas plus, pour ne pas être tenté de faire autre chose, comme perdre son temps sur internet», poursuit celle qui donne le cours Activité physique et réussite académique (KIN 1001), un cours libre offert à l’ensemble de la communauté, axé sur les stratégies d’études à adopter au quotidien, en combinaison avec la pratique régulière d’activité physique. «C’est un cours très prisé des étudiants, qui a pour but de leur faire comprendre l’importance du sport dans la réussite académique, dont son rôle dans la concentration et l’attention.»

Afin de mesurer les bienfaits des mouvements qu’elle propose, la chargée de cours a mené une petite recherche au trimestre d’automne 2016 auprès de six de ses étudiants. Les volontaires devaient suivre trois ateliers au cours desquels ils ont appris, entre autres, à exécuter les séquences de mouvements. Durant un mois, ils ont eu pour tâche de les exécuter, à la maison ou à l’endroit de leur choix, et de remplir un questionnaire afin de décrire leurs stratégies d’études et les effets qu’ils avaient perçus sur leur concentration ou leur mieux-être. «Les effets ressentis étaient immédiats, c’est ce qui est intéressant, souligne la chargée de cours. La pratique aidait les étudiants à commencer leurs travaux plus vite, sans procrastination, donc à gagner du temps. À très court terme, ils ont amélioré leur productivité, et ils ont aussi perçu des bienfaits physiques et mentaux. Les résultats de l’étude sont très prometteurs.»

Selon la chargée de cours, l’approche corporelle peut bénéficier à l’ensemble de la communauté universitaire. En collaboration avec les Services à la vie étudiante (SVE) et le Service d’accueil et soutien aux étudiants en situation de handicap (SASESH), elle a offert en janvier dernier la même série d’ateliers, destinés cette fois aux étudiants vivant avec des troubles d’attention ou d’apprentissage. La suite des ateliers est prévue pour l’automne.