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Radio-Dodo pour les enfants de la guerre

Créée par Brigitte Alepin, l’émission vise à réconforter les enfants victimes de la guerre en Syrie et au Mali.

Par Claude Gauvreau

13 avril 2018 à 9 h 04

Mis à jour le 13 avril 2018 à 9 h 04

Le 11 avril dernier, une fébrilité inhabituelle régnait dans les studios de CHOQ.ca, la radio web de l’UQAM. Sous la supervision de la fiscaliste de renom Brigitte Alepin (B.A.A. sciences comptables, 1988), professeure invitée au Département des sciences comptables, un petit groupe de personnes s’apprêtait à enregistrer les dernières émissions de la deuxième saison de Radio-Dodo. Cette radio de type communautaire a pour mission de réconforter des enfants victimes de la guerre en Syrie et au Mali. En ondes tous les dimanches soirs de 19 h à 20 h, elle leur offre un moment de trêve, de répit, pour  chanter, sourire et les disposer à faire de beaux rêves.

Brigitte Alepin a démarré le projet de Radio-Dodo en janvier 2017. «J’étais bouleversée par la guerre qui ravage la Syrie, d’autant plus que mes racines sont doubles, syriennes et gaspésiennes, dit-elle. Mon nom de famille me vient de mon grand-père, Bechir Kabacoubji, originaire d’Alep, en Syrie, qui a décidé de changer son patronyme en venant s’établir à Montréal. En 2004, j’ai eu le bonheur de visiter Alep avec mon père et mon fils. Quand le conflit a éclaté, en 2011, j’ai commencé à me demander ce que l’on pourrait faire pour aider les enfants coincés dans les zones de conflit.»

L’un de ses amis, déjà impliqué dans une radio internationale, lui parle alors du rôle des radios communautaires. «J’ai eu l’idée de Radio-Dodo en me disant que les ondes traversent les frontières, raconte la fiscaliste. Puis, j’ai rencontré des gens de l’UNICEF, à New York, et de l’UNESCO, à Paris, pour examiner la faisabilité du projet. Finalement, la Commission canadienne pour l’UNESCO a accepté de patronner Radio-Dodo.»

Accompagner les enfants

À travers ses émissions bilingues (français, arabe), cette radio pas comme les autres accompagne les enfants jusqu’à ce qu’ils s’endorment… avec de la musique, des chansons, des contes, des histoires, autour de différents thèmes: les grands-parents, les amis, la danse, le monde du cirque, les animaux sauvages, le jeu, etc. Radio-Dodo a aussi distribué, en 2017, des petites radios et des couvertures à des enfants réfugiés. Elle respecte une stricte neutralité pour s’assurer de la confiance des parents.

Ses émissions passent par la fréquence de Rozana, une radio indépendante fondée par des journalistes syriens, qui possède des bureaux à Paris et en Turquie. «Radio Rozana atteint des centaines de milliers de personnes dans le nord de la Syrie», note Brigitte Alepin.  

Radio-Dodo a maintenant élargi son public. «Depuis deux mois, nous diffusons au Mali, grâce à la radio Djefako, qui a accepté de nous héberger surs ses ondes. Nous envisageons également de diffuser les émissions dans des camps de réfugiés au Bangladesh.

Une femme engagée

Professeure invitée à l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) depuis septembre 2016, Brigitte Alepin s’est fait connaître par son combat en faveur de la justice fiscale. En décembre dernier, elle a reçu la distinction de Grande Ambassadrice de l’ESG pour sa vision progressiste de la fiscalité et son engagement pour la justice fiscale au Canada et à l’international.

Spécialiste en planification et en politique fiscale, diplômée de l’Université Harvard et  Fellow de l’Ordre des CPA du Québec, Brigitte Alepin a créé en 2015 TaxCOOP, la première conférence internationale annuelle qui porte sur l’importance de la coopération fiscale. Ce forum a mis en évidence l’urgence de revoir les règles de fiscalité au niveau mondial et les lacunes du système de taxation actuel à l’ère de la mondialisation des échanges. Motivée par le désir d’apporter une mesure d’équité à ce qu’elle juge être un système financier incontrôlable, elle a amené les leaders fiscaux et les organisations internationales à réfléchir sur ces questions en rassemblant des experts reconnus mondialement.

La professeure figure sur la liste des 50 fiscalistes les plus influents au monde, le Global Tax 50. Auteure de deux ouvrages, Ces riches qui ne paient pas d’impôt et La crise fiscale qui vient, elle a aussi coscénarisé le documentaire Le prix à payer, en 2015, qui dénonce les paradis fiscaux, et pour lequel elle a remporté le prix Gémeaux du meilleur scénario/documentaire. Elle caresse en ce moment un nouveau projet de documentaire, consacré cette fois aux fondations philanthropiques privées.

Des collaborateurs renommés

La radio s’est dotée d’un Bureau des gouverneurs qui, outre Brigitte Alepin, réunit Bernard Derome, ex-chef d’antenne à Radio-Canada, lequel co-anime les émissions avec Marya Zarif, le dramaturge et écrivain Wajdi Mouawad et la juge Louise Otis. La professeure s’est aussi entourée d’une équipe de chroniqueurs, formée de personnalités publiques et d’artistes qui ont accepté de collaborer sur une base bénévole aux émissions de Radio-Dodo. Ainsi,  des comédiens et comédiennes et autres personnalités du monde de la scène et des médias, comme Macha Grenon, Geneviève Rioux, Michel Rivard, le rappeur-écrivain Biz, de Loco Locass, Pierre Brassard et Isabelle Maréchal viennent lire des contes et des histoires en ondes. «Certains ont eux-mêmes écrit les récits destinés aux enfants», souligne Brigitte Alepin.

En plus d’être la productrice des émissions de Radio-Dodo, la professeure les coréalise avec William Maurer, directeur de CHOQ.ca, et Sanaa Bendahmane, étudiante à la maîtrise en comptabilité, d’origine algérienne.

Quelque 20 nouvelles émissions seront diffusées jusqu’à la mi-mai, puis rediffusées. «Notre objectif est de pouvoir, un jour, produire des émissions sur une base quotidienne», lance Brigitte Alepin.

En 2016, la fiscaliste a accordé une entrevue au magazine Inter de l’UQAM.