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Regards croisés sur Félix et les Bozos

Conférences, prestations musicales et lancement de livre: le Département de musique souligne le 60e anniversaire des Bozos.

Par Pierre-Etienne Caza

7 octobre 2019 à 8 h 10

Mis à jour le 7 octobre 2019 à 8 h 10

Claude Léveillée, Jacques Blanchet, Clémence DesRochers, Hervé Brousseau et Jean-Pierre Ferland le 16 octobre 1961.Photo: Radio-Canada/Henri Paul

Cinq ans après avoir organisé un colloque sur Félix Leclerc, le Département de musique s’intéresse cette fois aux Bozos, ce groupe d’artistes ayant contribué à l’essor du mouvement chansonnier québécois ainsi qu’à la naissance du réseau des boîtes à chansons.

Créés en 1959 et nommés ainsi en hommage au «Bozo» de la chanson de Félix Leclerc, les Bozos étaient composés de Claude Léveillée, Raymond Lévesque, Jacques Blanchet, Jean-Pierre Ferland, Hervé Brousseau, Clémence DesRochers et André Gagnon, auxquels se sont joints par la suite d’autres artistes tels que Monique Leyrac, Pauline Julien, Marc Gélinas et Gilles Vigneault. «Tout en rendant hommage à Félix, qu’ils reconnaissaient comme leur patriarche, les Bozos ont fait rayonner la chanson d’ici en mettant en valeur ses caractéristiques textuelles et un accompagnement acoustique qui se résumait bien souvent au piano ou à la guitare», rappelle Danick Trottier. Avec ses collègues Stéphane Aubin et Dominique Primeau, le professeur du Département de musique organise l’événement 60 ans de Bozos, le 18 octobre prochain, de 14 h à 19 h, à la salle Jacques-Hétu (F-3080). Conférences, prestations musicales et lancement d’un ouvrage sur Félix Leclerc figurent au programme.

Quatre conférences

Stéphane Aubin donnera une conférence sur Jacques Blanchet, le doctorant à l’Université de Montréal Pierre Lavoie traitera de la patrimonialisation de Mary Travers (La Bolduc) en la comparant à celle de Félix Leclerc, et la professeure de l’Université Laval Sandria P. Bouliane abordera le concept de chanson québécoise en lien avec l’héritage de la période des Bozos. «Je traiterai pour ma part de l’histoire et de l’héritage des Bozos, à qui l’on doit l’une des premières boîtes à chansons, Chez Bozo, située rue Crescent, à Montréal, souligne Danick Trottier. C’est là qu’Édith Piaf a découvert Claude Léveillée. Le succès du lieu a incité certains membres des Bozos à ouvrir d’autres boîtes à chansons ailleurs au Québec par la suite.»

Douze prestations musicales

Les quatre conférences seront entrecoupées de prestations musicales sous la direction de Stéphane Aubin et Dominique Primeau. Les performances seront livrées par des étudiants et deux diplômés, soit l’auteure-compositrice-interprète Gaële (B.Mus. interprétation musique populaire, 2002) et l’auteur-compositeur-interprète Diogo Ramos (B.Mus. pratique artistique, 2016). «Originaire du Brésil, ce dernier reprend des chansons de Félix avec des arrangements magnifiques. Il faut entendre sa reprise de L’hymne au printemps en samba», dit Danick Trottier. Outre des chansons de Félix, on entendra des pièces de Claude Léveillée, Clémence DesRochers, Germaine Dugas, Raymond Lévesque, Jean-Pierre Ferland, Gilles Vigneault et Jacques Blanchet.

Lancement de livre

En fin de journée, on procédera au lancement de l’ouvrage Félix Leclerc: Héritage et perspectives, publié chez Septentrion sous la direction de Luc Bellemare, Jean-Pierre Sévigny et Danick Trottier. «Il s’agit de l’ouvrage le plus complet à ce jour sur l’œuvre et l’héritage de Félix Leclerc, précise le professeur. On y relate en détail les débuts et la professionnalisation du chanteur. On notera, par exemple, qu’il est faux de prétendre que les Français ont découvert Félix Leclerc. Il était déjà connu à Montréal avant sa consécration parisienne. Bref, il s’agit d’un portrait complexe et nuancé qui revisite son œuvre multidisciplinaire et qui permet d’aller au-delà de l’image “encarcanée” du monument figé.»

Une quinzaine d’auteurs, dont Danick Trottier et la professeure Lucie Robert (études littéraires), ont contribué à l’ouvrage, dans lequel on retrouve également une réédition de la seule entrevue qu’avait donnée Félix Leclerc à des chercheurs universitaires –Aurélien Boivin et André Gaulin – en 1979. L’auteur-compositeur Stéphane Venne et le compositeur François Dompierre témoignent également de leur collaboration avec Félix et de leur vision de son œuvre.

Fier de cet ouvrage nécessaire sur Félix Leclerc, Danick Trottier se désole par ailleurs du peu d’études consacrées aux artistes issus des Bozos. «Il y a bien eu quelques biographies ici et là, mais très peu d’ouvrages consacrés à leur apport respectif à la chanson québécoise. C’est tout de même aberrant qu’il n’y ait pratiquement pas d’études sur l’œuvre foisonnante de Claude Léveillée ou de Jean-Pierre Ferland. En France, les répertoires de Brassens, Ferré, Brel ou Barbara ont donné lieu à une multitude d’études.»

Animé d’une passion contagieuse pour l’histoire de la chanson d’ici, le professeur espère que le grand public et les universitaires intéressés par les études culturelles et les études québécoises viendront assister nombreux à l’événement 60 ans de Bozos, qui positionne une fois de plus l’UQAM comme fer de lance des études sur la chanson québécoise et la culture populaire.

L’entrée est gratuite et l’ouvrage sur Félix Leclerc sera offert à prix réduit par la Coop UQAM.