Les filles sont jolies, bien sûr, mais oubliez le stéréotype des meneuses de claques qui ne font qu’encourager l’équipe locale. Depuis quelques années, le cheerleading est une discipline sportive à part entière, en pleine expansion et dotée d’un circuit de compétitions tout ce qu’il y a de plus sérieux. L’UQAM possède désormais sa propre équipe, les Citadins, prête à éblouir les spectateurs.
«Les gens ne se doutent pas qu’il s’agit en réalité d’un sport extrême, affirme avec aplomb Roxane Gendron-Mathieu, entraîneuse de l’équipe. C’est une combinaison de gymnastique, de danse et d’acrobatie tellement exigeante qu’en compétition, certaines filles terminent le spectacle puis vomissent, car durant deux minutes trente, il n’y a aucun répit.» Ce dont nous avons été témoins lors de notre visite au gymnase n’est qu’un début, insiste- t-elle. «Revenez dans deux mois et les filles vont faire des backflips en se lançant dans les airs.»
Des filles motivées
Roxane Gendron-Mathieu sait manifestement de quoi elle parle. À 22 ans, l’étudiante en adaptation scolaire et sociale pratique le cheerleading depuis dix ans! Elle fait partie de l’équipe de North Shore (ouest de l’île de Montréal), en plus d’entraîner deux équipes de l’école secondaire Mgr- Richard, à Verdun. «Je fais du cheerleading trois matins, deux après-midi et cinq soirs par semaine», avoue Roxane, qui n’a pas hésité à joindre les rangs de l’équipe de l’UQAM, puis à prendre la relève d’Érika Medina, qui avait entraîné la troupe à ses débuts, au printemps dernier.
Sur les 27 membres de l’équipe – entièrement féminine – seulement sept étudiantes ont déjà pratiqué la discipline. Mais l’équipe progresse à un rythme emballant, affirme fièrement Roxane. «Les filles me surprennent, ditelle. Elles ont du talent et sont motivées.» L’entraîneuse avoue qu’elle aurait aimé recruter des garçons. «Il y a des figures plus faciles à réaliser avec leur force physique, explique-t-elle, mais nous y arriverons, en y mettant plus d’efforts.»
Les premières semaines ont été consacrées à l’apprentissage des termes, des positions et des figures de base. Au grand plaisir de Roxane, neuf membres de l’équipe sont également gymnastes. Elles exécuteront les voltiges, un des aspects les plus spectaculaires de la discipline. Mais cela ne diminue en rien l’utilité des autres qui doivent veiller à rattraper, en vol, les filles lancées dans les airs. «C’est un sport qui repose sur la confiance des personnes entre elles», souligne à juste titre l’entraîneuse.
Malgré toutes les précautions, et sans oublier les exercices de souplesse et de musculation, les blessures sont légions : pied, poignet et nez cassés, entorses lombaires, etc. La violence du sport contraste avec les sourires affichés. «Peu de sports permettent ce mélange de prouesses physiques et de féminité assumée, mentionne Roxane. Nous devons être coiffées et sourire tout au long de la performance… un peu comme le patinage artistique, quoi!»
Compétition et entraînement
Membre de l’Association des cheerleaders du Québec, les Citadins prendront part au championnat provincial, au printemps prochain. D’ici là, les filles s’entraînent deux fois par semaine et elles seront présentes aux parties des équipes de basketball, dès le premier match présaison local, le 28 octobre. «Le but est de nous faire connaître et d’habituer les filles à performer devant un public, précise Roxane. Nous donnerons un spectacle à la mi-temps du match des filles, puis un autre à la mi-temps du match des gars.» Entre ces deux prestations, elles présenteront des figures au gré du déroulement des deux parties. Au programme également : les cheers, ces chants d’encouragement pour fouetter les ardeurs de l’équipe locale. Go Citadins Go!