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Excursion biologique au mont Royal

Par Dominique Forget

2 octobre 2006 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

«Il ne faut pas tromper les gens, la réforme n’a rien arrangé, elle a aggravé les problèmes d’échec scolaire», fulmine Jean-Paul Martinez, professeur au Département d’éducation et formation spécialisées. Dans la salle de réunion du Bureau de la formation pratique, dirigé par son collègue Gérald Boutin, à l’autre bout de la table, quelques collègues se sont réunis pour travailler à la préparation d’un colloque d’envergure internationale sur la réussite scolaire et sociale, qui se tiendra à l’UQAM les 5, 6 et 7 octobre prochains.

Pour les organisateurs, il ne fait pas de doute que la réforme scolaire ou plutôt le «renouveau pédagogique», comme on l’appelle désormais, sera au coeur des enjeux discutés lors de ce colloque. Mis sur pied par le Groupe Lire-UQAM (dirigé par Jean-Paul Martinez) en collaboration avec le Laboratoire de Recherche en Éducation et Formation (LARSEF) de l’Université de Bordeaux 2 et avec l’Institut Libre Marie Haps de Bruxelles, l’événement est ouvert aux chercheurs et étudiants de tous horizons intéressés par la question de la prévention de l’échec scolaire. «Il veut aussi attirer des gens du terrain, des enseignants et des gestionnaires de l’éducation», précise la chargée de cours Lise Bessette, qui enseigne le b-a-ba de l’organisation scolaire aux futurs maîtres formés à l’UQAM.

Au cours de sa carrière, Lise Bessette a été enseignante titulaire, orthopédagogue et conseillère pédagogique. Denis Foucambert, nouvellement arrivé de France au Département de linguistique et de didactique des langues, s’intéresse particulièrement aux problèmes de lecture, tout comme Jean-Paul Martinez. Gérald Boutin, chercheur en prévention et en intervention précoce, travaille entre autres sur le sujet de l’éducation familiale et parentale. Ils croient tous en la prévention de l’échec scolaire. «Mais il n’y a pas de solution simple à ce problème complexe», précise Gérald Boutin.

 

Une notion à redéfinir

Pour eux, la notion de prévention mérite d’abord d’être redéfinie, car elle a donné lieu «à de graves dérives». Quelles dérives? D’abord, l’idée que les enfants à risque peuvent être identifiés pratiquement dès le berceau : «C’est terrible de condamner un enfant de 36 mois à devenir délinquant!» dit Gérald Boutin. Autour de la table, on est très critique à l’endroit des approches comportementalistes. «Les enfants ne sont pas de petits robots!», disent les membres du comité organisateur. Ils s’interrogent aussi sur l’usage du Ritalin, véritable camisole chimique imposée aux enfants. «Nous préconisons une approche éducative, explique Lise Bessette. On ne peut s’en passer, même quand on donne du Ritalin.»

Au cours du colloque, «on va parler à la fois des troubles d’apprentissages et des troubles du comportement, car dans la réalité, les deux choses sont souvent reliées», observe Jean-Paul Martinez. On s’interrogera aussi sur l’échec des garçons. Pourquoi ceux-ci connaissent-ils plus souvent l’échec que les filles? La notion de prévention sera abordée sous ses divers aspects légaux, psychologiques, médicaux et sociaux afin de dresser un véritable état des lieux. «Parce que nous critiquons la réforme, on dit que nous sommes contre le changement, dit Gérald Boutin. C’est faux. On est tout à fait pour le changement, sauf qu’il doit s’agir d’un changement orchestré à partir de l’état des lieux.»

Peut-on prévenir l’échec scolaire dans tous les cas? «On peut prendre les enfants là où ils sont – et non pas là où l’on souhaiterait qu’ils soient – et à partir de là les amener à un point où ils pourront s’épanouir comme personnes», répond Lise Bessette. «Dans les écoles les plus défavorisées du centre-sud, où j’ai enseigné, il est difficile de demander aux enfants de créer des projets sur l’alimentation quand ce qu’ils connaissent de l’alimentation, ce sont les frites, les gâteaux emballés et les boissons gazeuses. Il faut d’abord leur transmettre des connaissances.»

 

Revaloriser l’effort

Il faut également réhabiliter la notion d’effort, croit Jean-Paul Martinez. «Bien sûr, il faut que l’enfant ait du plaisir à apprendre, mais il n’y a pas que le plaisir dans la vie. Pour réussir, l’enfant doit faire des apprentissages, il doit apprendre à lire, à écrire et à compter et il doit découvrir que cela se fait parfois avec difficulté et avec effort.»

Ce colloque, intitulé «La prévention de l’échec scolaire, une notion à redéfinir» se tiendra sous la présidence d’honneur du professeur émérite Jacques Wittwer, de l’Université de Bordeaux 2, et du recteur de l’UQAM, Roch Denis.