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Qui connaît le goalball?

Par Pierre-Etienne Caza

27 novembre 2006 à 0 h 11

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Toute petite, Nancy Morin, étudiante de premier cycle à l’UQAM, rêvait de participer aux Jeux olympiques. Malgré son handicap (elle est semivoyante de naissance), elle a pratiqué plusieurs sports, dont la ringuette et le soccer. «Mes parents m’encourageaient à faire du sport et ma mère était souvent mon entraîneuse», se rappelle-telle. Nancy a même essayé de jouer au baseball… sans grand succès. Au printemps de 1994, elle découvre le goalball alors qu’elle est bénévole pour le championnat canadien, qui se déroule à Montréal. «J’ai assisté à quelques matchs et j’ai eu la piqûre», raconte-telle. Dès l’automne suivant, elle fait partie de l’équipe du Québec et trois ans plus tard, de celle du Canada, en route vers les Jeux paralympiques.

Inventé après la Deuxième Guerre mondiale comme moyen de réhabilitation auprès des vétérans devenus aveugles, le goalball s’est développé comme sport d’équipe et a été présenté pour la première fois aux Jeux paralympiques de Toronto, en 1976, où seuls les hommes le pratiquaient. Les femmes ont accédé aux compétitions en 1984.

Il s’agit d’un sport qui oppose deux équipes de 6 joueuses qui en délèguent 3 à la fois sur le terrain. Les degrés de handicap n’étant pas les mêmes, tous portent un masque opaque sur les yeux afin de réduire leur perception visuelle à zéro. L’objectif du jeu est de marquer des buts en faisant rouler un ballon sonore (il contient des clochettes) en direction du but adverse. «Cela ressemble un peu à un jeu de quilles», fait remarquer Nancy. Mais là s’arrête la comparaison, puisque les joueuses en défensive essaient d’empêcher le ballon d’entrer dans le filet en se couchant sur le côté. «Le filet mesure 9 mètres, soit la largeur du terrain», précise Nancy. La longueur de ce dernier est de 18 mètres et il comporte des saillies qui aident les joueuses à s’orienter. Dès qu’une équipe prend possession du ballon, elle a dix secondes pour effectuer un lancer vers le but adverse; l’équipe qui marque le plus de buts l’emporte.

Un parcours en or

Nancy n’a jamais raté une qualification pour faire partie de l’équipe canadienne de goalball depuis 1997, le processus se répétant chaque année. Elle a réalisé son rêve en participant aux Jeux paralympiques de Sydney, en 2000. Mieux: l’équipe canadienne y a remporté la médaille d’or, défaisant l’Espagne 1 à 0, et Nancy a été la meilleure marqueuse des Jeux! Quatre ans plus tard, à Athènes, le scénario se répète : l’équipe canadienne défait les États-Unis 3 à 1, récoltant une deuxième médaille d’or. Nancy est encore une fois la meneuse au chapitre des buts. L’été dernier, les Canadiennes ont réaffirmé leur suprématie au goalball en remportant le championnat du monde, disputé en Caroline du Nord. «J’adore ce sport, affirme Nancy, et je m’améliore sans cesse. Je souhaite avoir la chance de remporter une troisième médaille d’or à Pékin, en 2008.»

Âgée de 31 ans, Nancy croit pouvoir jouer encore longtemps si elle réussit à éviter les blessures. «Un des joueurs de l’équipe canadienne a 44 ans», mentionne- t-elle en guise de comparaison. Nancy s’entraîne une fois par semaine au goalball avec l’équipe du Québec et cinq fois par semaine en salle pour garder la forme, sur le plan musculaire et cardiovasculaire. Elle doit concilier le tout avec ses études et ses emplois. «Je participe à des conférences dans des écoles primaires et secondaires, organisées par l’Association sportive des aveugles du Québec. Cela me permet de faire connaître mon sport auprès des jeunes, qui adorent y jouer!»

Elle travaille aussi au cinéma Quartier latin et terminera à l’hiver son certificat en gérontologie sociale. «Mon but est d’être admise au diplôme d’études supérieures spécialisées d’intervention en déficience visuelle de l’Université de Montréal, mais pour cela, je dois posséder un baccalauréat en éducation», explique-t-elle. Elle s’inscrira donc à deux autres certificats, l’un en intervention éducative en milieu familial et communautaire, l’autre en intervention psychosociale, afin d’obtenir un baccalauréat par cumul. Tout en continuant à remporter les plus grands honneurs au goalball, évidemment!