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Reconnaissance du groupe Pro Bono UQAM

Par Claude Gauvreau

4 septembre 2007 à 0 h 09

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Finissante au baccalauréat en droit, Andrée-Anne Bouchard-Desbiens dit avoir choisi ce programme parce qu’il est axé sur la défense des droits des citoyens, en particulier ceux des plus démunis. «Je pense que je suis une utopiste», lance-t-elle avec un sourire en coin. Andrée-Anne est la coordonnatrice du groupe Pro Bono UQAM qui, à sa deuxième année d’existence, vient de remporter le Prix des diplômés en droits et libertés, créé récemment par la Faculté de science politique et de droit. D’une valeur de 1 000 $, ce nouveau prix vise à récompenser annuellement un finissant du baccalauréat en droit, ou une organisation, qui a contribué par ses recherches et son engagement à la promotion des droits et libertés.

Pro Bono est une expression juridique signifiant «pour le bien public», explique Andrée-Anne. Elle désigne le travail de certains juristes qui collaborent avec des organismes sans but lucratif dans le but de protéger les droits de personnes sans défense ou issues de milieux défavorisés. Pro Bono UQAM est l’une des antennes universitaires d’un réseau de juristes appelé Pro Bono Students Canada (PBSC). Celui-ci est présent dans toutes les facultés de droit au pays et permet aux étudiants qui le désirent de faire bénévolement du travail d’assistance juridique auprès de divers organismes communautaires. Depuis sa création en 1996 à l’Université de Toronto, 10 000 étudiants ont participé à des activités de PBSC.

Acquérir de l’expérience…

Au Québec, contrairement au reste du Canada, le réseau Pro Bono demeure peu connu, souligne Andrée-Anne. «Le défi consiste à convaincre des organismes d’accueillir des étudiants pour qu’ils acquièrent une expérience de travail et se familiarisent avec différents aspects du droit et avec le milieu communautaire. Au cours de la prochaine année, nous visons à développer des liens avec une quinzaine de groupes qui oeuvrent dans divers domaines : aide aux familles défavorisées, logement social, intégration des personnes handicapées, environnement, droit commercial, protection du consommateur, etc.»

En retour, les étudiants fournissent aux organismes concernés de l’information juridique (lois et jurisprudence), effectuent de la recherche, rédigent des documents légaux et les aident dans l’élaboration de leurs politiques ou de leurs statuts et règlements. Pro Bono offre même un programme d’accompagnement à la Cour pour les gens qui ne connaissent pas leurs droits, qui n’ont pas d’avocat et qui risquent de se perdre dans le dédale des procédures juridiques. Le travail des étudiants est supervisé par un avocat professionnel qui joue également au près d’eux un rôle de mentor.

«Notre mission première est de favoriser l’accès le plus large possible à la justice, précise Andrée-Anne. Beaucoup de citoyens ne peuvent se payer les services d’un avocat tout en n’ayant pas droit au programme d’aide juridique.»

… et le sens de l’éthique

À court terme, la priorité d’Andrée-Anne est de travailler à mieux faire connaître Pro Bono, à l’UQAM comme à l’extérieur, et à consolider localement ses bases financières et organisationnelles. Des démarches ont été amorcées auprès du barreau et d’autres organismes et entreprises pour obtenir un appui financier. Elle souhaite par ailleurs développer une coalition interuniversitaire en établissant des liens avec les antennes de Pro Bono dans les autres universités québécoises comme McGill, l’Université de Montréal, Sherbrooke et Laval.

Un cours Pro Bono de trois crédits sera offert à quatre finissants du baccalauréat en droit qui formeront le comité exécutif de Pro Bono. Chacun d’eux sera responsable des liens avec quatre organismes et supervisera le travail d’étudiants bénévoles intéressés à participer aux activités de Pro Bono.

«Les étudiants se plaignent souvent qu’ils ont peu d’occasions d’acquérir une expérience de terrain avant d’être admis au barreau. En incitant les futurs juristes à donner de leur temps à Pro Bono, le réseau leur permet non seulement de vivre une expérience enrichissante, mais aussi de développer leur sens de l’éthique et une forme de conscience sociale, soutient Andrée-Anne. Il leur démontre enfin qu’il est possible de faire un carrière intéressante dans le monde du droit. en dehors des grands cabinets privés d’avocats.»