Voir plus
Voir moins

La revue Frontières souffle vingt bougies

Par Anne-Marie Brunet

12 mai 2008 à 0 h 05

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Traiter de questions entourant la mort et le deuil, voilà le défi que relève depuis vingt ans la revue Frontières.

Les fondateurs de Frontières ont su mettre en place de bonnes structures et établir des liens solides avec les milieux de l’intervention, affirme Diane Laflamme, la rédactrice en chef de la revue pour expliquer, en partie du moins, pourquoi selon elle la revue est toujours là en 2008.

Diane Laflamme est professeure associée au Département de sciences des religions et traite des questions éthiques et de grandes questions spirituelles concernant la mort. Détentrice d’un doctorat en sciences humaines appliquées, elle a aussi terminé le Diplôme interdisciplinaire de deuxième cycle en études sur la mort, un programme novateur créé il y a vingt-cinq à l’UQAM et dont est issue la revue Frontières.

Changement de cap

En 1988, Frontières est une revue de vulgarisation scientifique et, a comme public cible, les intervenants en soins palliatifs et en accompagnement auprès des personnes mourantes ou en deuil. Elle a été fondée par des collaborateurs et des professeurs du programme en études sur la mort dont quelques-uns sont devenus par la suite directeurs ou rédacteurs en chef de la revue : Fernand Couturier, Luce Des Aulniers, Denis Savard, Denise Badeau, Suzanne Mongeau, Éric Volant, etc. Jocelyne Saint-Arneault, professeure à l’Université de Montréal, en est l’actuelle directrice.

En 1999, la revue change de cap et prend sa place parmi les revues de recherche universitaire. Passant de trois à deux parutions par année et devenant plus volumineuse, elle ne perd pas de vue son premier lectorat et conserve des rubriques qui font place à l’intervention. «Je crois que cette stratégie-là nous a servi parce qu’elle nous a permis d’obtenir des subventions et d’attirer l’intérêt sur le champ des études sur la mort, de chercheurs canadiens, québécois, européens (notamment suisses, français et belges) qui ont publié dans nos pages», note Diane Laflamme.

Chaque numéro est un projet interdisciplinaire. «Nous avons besoin d’une pluralité de regards et de points de vue, parce qu’écrire la mort, penser la mort, c’est penser l’impensable ou écrire l’indicible. Des deuils nous en vivons tous et cette blessure, nous la vivons au niveau de l’expérience et pas au niveau des concepts. Ce n’est pas en se concentrant uniquement sur l’un ou sur l’autre que nous allons inciter les gens à nous lire.»

Les thèmes abordés, la souffrance, l’euthanasie, l’aide au suicide, le deuil, visent, un public beaucoup plus vaste : «Je pense que nous rejoignons les Québécois d’aujourd’hui qui sont confrontés à une société vieillissante. Nous assistons à un phénomène de génération où plusieurs décès surviennent à répétition. Il faut qu’il y ait des occasions d’en parler. Moi je vois la revue, comme une provocation à parler de la mort et nous n’arrêtons pas de trouver des angles nouveaux pour le faire», poursuit Diane Lafamme.

L’iconographie

Frontières, a toujours fait place à l’art. Depuis 2000, la revue fait appel de manière plus systématique à des artistes québécois ou européens pour l’illustration des numéros. «L’iconographie est un discours qui se développe parallèlement au discours des idées et des mots. Il ne s’agit pas d’illustrer les articles…», note Diane Laflamme. En revanche, l’artiste est invité à présenter sa démarche dans un texte publié dans la revue.

Depuis 1999, Frontières a pris un peu de distance avec l’intervention, déplore Diane Laflamme. Elle croit qu’il faut continuer de maintenir ce lien. Il est important que la revue reste en communication avec les étudiants du Programme court en études sur la mort, parce qu’ils sont de futurs intervenants dans les milieux, des lecteurs et, éventuellement, des auteurs de em>Frontières. Le lien avec le programme est fondamental en raison de tout le foisonnement d’activités qui l’entoure (recherche, enseignement, publications, échanges interuniversitaires, etc.), affirme Diane Laflamme, convaincue.

La revue Frontières est publiée par les Presses de l’Université du Québec et est membre de l’Association canadienne des revues savantes. Depuis 2006, la revue est disponible sur la plateforme Web Érudit.