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Les lieux de mémoire en poèmes

Par Pierre-Etienne Caza

27 octobre 2008 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

«C’est un questionnement sur la proximité et la distance, à la fois aux lieux et aux êtres, alimenté par une réflexion sur les lieux de mémoire», confie du bout des lèvres Denise Brassard à propos de son plus récent recueil de poésie, La Rive solitaire (Éditions du Noroît, 2008). La professeure, qui compte à son actif trois autres recueils, n’en dira pas davantage, préférant poursuivre la discussion sur l’entrelacement entre recherche et création dans son travail.

«Ce sont deux volets d’une même activité, affirme-t-elle. Je ne pourrais pas concevoir la recherche et la réflexion théorique sans la création, qui a pour fonction de me ramener à l’élément essentiel de la littérature, c’est-à-dire notre condition humaine.» La littérature est le point de rencontre de toutes les disciplines, précise la professeure. Tout est matière à création, soutient- elle, mais cela ne signifie pas que la littérature, et à plus forte raison la poésie, doivent se contenter de n’être que divertissement. «La poésie doit avoir un sens, sinon elle perd son intérêt», dit-elle.

La démarche de création actuelle de la poète s’articule autour des lieux de mémoire. Elle retourne, par exemple, dans sa région natale du Lac Saint-Jean, afin de se frotter aux paysages fondateurs qui ont nourri son imaginaire. «J’y observe le fonctionnement de la mémoire, comment le souvenir retouche les lieux et à quel point un paysage est le fruit d’une construction qui repose, par exemple, sur des oublis que l’on comble», dit-elle.

Sa prochaine oeuvre sera constituée d’un ensemble d’essais et de poèmes, «un dialogue entre les deux formes», explique-t-elle, en soulignant que de nombreux poètes sont également essayistes. «La poésie nous place dans un rapport de tension par rapport au langage et elle est une sorte de tremplin à la réflexion sur l’écriture, dit-elle. Je crois que cela explique pourquoi plusieurs poètes ressentent le besoin de poursuivre leur réflexion par le biais de l’essai. L’inverse est aussi vrai : l’essai permet d’atteindre cet état d’ouverture et de disponibilité par lequel naissent les poèmes.»

La relève

Denise Brassard observe avec enthousiasme un regain de popularité de la poésie auprès des étudiants, autant du côté de la recherche que de la création. «Les lectures de poésie, par exemple, reviennent en force. Bien sûr, nous sommes encore loin des poètes qui déposaient des mémoires lors des commissions d’enquête dans les années 50 et 60, note la professeure, mais la nouvelle génération ressent une urgence et un besoin de renouer avec un contenu de nature éthique, sinon politique.»