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Santé mentale et vie de couple : une relation à explorer

Par Claude Gauvreau

18 février 2008 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

«C’est une étudiante exceptionnelle qui a obtenu les deux bourses de doctorat les plus convoitées du domaine de la santé au Québec et au Canada», lance Gilles Trudel, professeur au Département de psychologie et directeur de thèse de Maria Rocio Goldfarb.

Originaire d’Argentine et établie au Québec depuis un peu plus de quatre ans, Maria participe actuellement à une vaste enquête sur la santé des aînés au Québec. Sa recherche porte sur la relation entre la qualité de la vie de couple chez les personnes âgées de 65 ans et plus et la présence de symptômes de détresse psychologique, comme la dépression et les troubles d’anxiété.

«Les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fonds de recherche en santé du Québec s’intéressent de plus en plus au phénomène du vieillissement de la population et à la santé physique et mentale des personnes âgées. Jusqu’à maintenant, très peu de recherches ont abordé la nature des interactions entre la vie conjugale et les problèmes de santé psychologique chez les aînés», explique la doctorante.

Insatisfaction des femmes

Selon certaines études, le nombre de divorces et de séparations aurait augmenté chez les couples de personnes âgées. «Le contexte dans lequel ces personnes vivent une relation conjugale est différent de la plupart des autres couples, observe Maria. Elles font face notamment au syndrome du nid vide créé par le départ des enfants, vivent une plus grande proximité et doivent faire le deuil des activités professionnelles. Autant de facteurs qui peuvent susciter des tensions ou générer des conflits.»

La jeune chercheuse étudiera l’évolution du lien – sur une période d’un an – entre le niveau de satisfaction conjugale et l’apparition de problèmes psychologiques au sein d’une population de 900 personnes âgées, provenant de différentes régions du Québec. Plusieurs aspects de la vie de couple seront analysés : communication, rapports affectifs, niveau d’entente à l’égard des tâches domestiques et des activités de loisirs, relations sexuelles, etc.

«Diverses recherches sur des couples plus jeunes ont démontré que les femmes sont généralement moins satisfaites de leur relation conjugale que les hommes et souffrent davantage de dépression et de troubles d’anxiété», souligne Maria Goldfarb. L’insatisfaction conjugale précéderait l’apparition de problèmes psychologiques, alors que c’est l’inverse chez les hommes. Reste à savoir si le même phénomène se manifeste chez les personnes âgées.

Vieillir dans de meilleures conditions

Maria veut mener de front recherche et travail en clinique. «Les résultats de mes travaux pourront servir à développer des interventions thérapeutiques, fondées sur une approche cognitive et comportementale, permettant à la fois de traiter des problèmes d’ordre psychologique et d’agir sur la qualité des relations de couples. Ce type d’application suscite d’ailleurs beaucoup d’intérêt auprès des organismes subventionnaires.»

L’espérance de vie s’est accrue de manière importante dans la plupart des pays industrialisés. La vieillesse, toutefois, demeure un sujet tabou et de nombreuses personnes âgées, des femmes surtout, vivent dans un état de grande solitude, affirme Maria. «Le fait que les gens vivent plus longtemps qu’autrefois est un signe de progrès, mais encore faut-il s’assurer que ce soit dans les meilleures conditions possibles. Mes recherches s’inscrivent justement dans cette perspective», conclut-elle.