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Fous d’aventure, et fous tout court!

Par Valérie Martin

19 novembre 2012 à 0 h 11

Mis à jour le 28 août 2018 à 11 h 08

Au premier abord, on pourrait imaginer Sarto Blouin (M.B.A. immobilier, 02) en G.O. du Club Med. Relaxe, chaleureux, volubile, drôle, le quinquagénaire ne corres­pond pas au cliché que l’on se fait d’un notaire. Ce spécia­liste du droit immobilier, détenteur d’un doctorat en droit international de l’Université de Paris II, est conseiller juridique auprès d’une clientèle d’affaires. Ce qui l’anime? «Partir à l’aventure dans des coins de la planète inamicaux ou même hostiles aux étrangers», raconte le notaire, également cofondateur et vice-président de la Fondation humaniste du Québec, qui a à son actif plus d’une soixantaine de pays visités, ainsi que l’ascension du mont Kilimandjaro (5 896 mètres), en Tanzanie. À la manière d’un journaliste, Sarto Blouin documente ses voyages et n’hésite pas à avoir recours aux services de traducteurs pour l’aider dans ses «documentaires».

C’est en Corée du Nord que le globetrotteur a vécu son expérience la plus surréaliste : une prise en charge «totale». «Dès mon arrivée en sol nord-coréen, on m’a retiré mon cellulaire et on m’a suivi dans tous mes dépla­cements. Je n’avais aucune liberté!» Lors d’un concert des Rolling Stones, à Shanghai, il a réussi à se faufiler dans une loge VIP pour assister au spectacle. Se prétendant à la tête d’une importante banque, il en a profité pour se remplir la panse dans un somptueux buffet et serrer la main au passage de Mick Jagger. Le tout, sans passe VIP et sous les yeux de la sécurité chinoise !

En bateau pour l’avenir du monde

La dernière «folie» de Sarto Blouin remonte à février dernier. Le globetrotteur Bruno Rodi (M.B.A. immobi­lier, 02), avec qui il s’est lié d’amitié durant ses études à l’UQAM, le convainc de se joindre au nouveau projet de son fils Jason. Tout aussi passionné de voyage et d’aventure que son paternel, ce réalisateur et ancien président fondateur de Moment Factory a eu une idée originale : récolter les idées et les réflexions sur le futur des internautes au moyen d’une plateforme Internet et insérer ces témoignages dans une capsule que les explorateurs iront enfouir au sommet de l’île Bouvet, l’île la plus isolée de la planète ! Moins d’une dizaine de voyageurs ont mis les pieds sur cette île, jamais cartographiée et reconnue pour ses températures extrêmes et imprévisibles.

«L’expédition Pour le futur a duré une trentaine de jours dans les mers les plus agitées du monde, raconte Sarto Blouin. Nous sommes partis du cap Horn, en Amérique du Sud, pour nous rendre jusqu’à l’île, située au sud-ouest du cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud. Son sommet n’avait jamais été escaladé. Il n’est pas très élevé — à peine 800 mètres —, mais les conditions étaient difficiles et nous manquions de repères.»

Luxe et danger

Si l’expédition comporte son lot de difficultés, l’équipage voyage dans des conditions idéales grâce au Hanse Explorer, «le yacht de luxe le plus sécuritaire au monde». La merveille de près de 48 mètres, «qui a déjà été louée par Bill Gates», est dotée de chambres princières, d’une salle de cinéma dernier cri et d’un système de filtration écologique qui rend l’eau de mer potable. Quant aux repas, ils sont mijotés par un ancien chef du Fat Duck de Londres, l’un des restaurants les plus cotés au monde…

Lorsque le Hanse Explorer accoste sur l’île Bouvet, il fait un soleil radieux. Sarto Blouin est à la tête du groupe de grimpeurs qui se rendront au sommet. «En l’espace d’une trentaine de minutes, le ciel s’est obscurci et nous avons eu droit à une tempête de neige!» Soudain, le voyageur s’enfonce dans la neige jusqu’à la taille, se retrouve séparé de ses compagnons. Heureusement, après quelques minutes d’angoisse, il les retrouve. Sarto Blouin a eu chaud. «Je garde un très bon souvenir de cette ascension, même si je me suis sérieusement blessé à l’épaule et que j’en garde des séquelles.»

Une famille d’hurluberlus!

Pierre Dury (M.Sc. kinanthropologie, 92) et sa conjointe Michèle Leclerc (B.Ed. adaptation scolaire et sociale, 87 ; M.Sc. kinanthropologie, 93) passent souvent pour de joyeux hurluberlus. Amoureux des grands espaces et du vélo, ils ont voyagé aux quatre coins du globe. L’arrivée de leur premier enfant, Guillaume (B.Sc. biologie, 09), il y a 24 ans, ne les a pas arrêtés. «J’entends souvent des parents se plaindre qu’ils n’ont plus de temps. Pourtant, il est possible de tout faire avec des enfants», martèle la maman. À preuve, sa famille, qui en compte aujourd’hui neuf, dont le plus jeune âgé de 7 ans, a notamment visité le Panama, la Thaïlande, le Vietnam, la France et la Belgique. La famille a traversé le Canada à vélo en 2009, et voyagé à dos de chameau en Égypte en 2011. Au lieu d’ex­plorer les pyramides, les Dury-Leclerc se sont retrouvés aux premières loges d’une révolution parfois sanglante qui a bouleversé le pays. «Mes enfants comprennent maintenant la définition des mots démocratie, dictature et révolution», raconte Michèle Leclerc, tout en précisant qu’ils ont dû écourter leur voyage en raison de la situa­tion politique du pays.

Selon la famille Dury-Leclerc, on peut voyager avec très peu d’argent. À titre d’exemple, la famille a déboursé 5 dollars par jour pour ses repas en Égypte. «Ce qui revient moins cher que de rester à la maison!», observe Michèle Leclerc. Les Dury-Leclerc dorment sous la tente ou chez l’habitant (ils pratiquent le couchsurfing!) et rarement à l’hôtel. De plus, tout le monde met la main à la pâte avant de partir : chaque enfant doit travailler durant l’année afin de payer son billet d’avion. Danièle, 13 ans, fait du gardiennage et son frère Charles, 11 ans, vend les oeufs de la ferme familiale. La famille voyage en complète autonomie, avec cuisine portative, nourriture sèche en cas d’urgence et tentes comme bagages. Elle bénéficie de l’aide de commanditaires, qui mettent gracieusement à sa disposition l’équipement nécessaire.

Voyage démocratique

Le choix des destinations et du mode de transport se fait au moyen d’un vote auquel participe toute la famille. Une vraie démocratie! Un des membres de la famille a eu l’idée du voyage en Égypte après avoir lu la bande dessinée Les Cigares du pharaon d’Hergé. Durant les mois précédant l’expédition, les enfants apprennent quelques rudiments de la langue, se renseignent sur l’histoire et puis la culture du pays à visiter, pendant que leurs parents s’affairent à la paperasse, épluchent les sites Web et les guides de voyage à la recherche des incontournables à visiter… et des aubaines.

Dernier voyage des Dury-Leclerc : la Mongolie. Ils ont traversé l’été dernier les steppes mongoles à dos de cheval, dormi à la belle étoile et vécu au rythme lent des nomades, partageant le délicieux thé au lait de yak en leur compagnie. Ils ont aussi célébré les fêtes nationales mongoles du Naadam avec la population et visité un orphelinat. Même si les Dury-Leclerc sont des voyageurs avertis, il leur arrive d’être décontenancés par la gastro­nomie locale. Au cours de leur dernier périple, on leur a servi en guise de repas «d’appétissants» bols fumants composés d’un amalgame de mâchoire, de peau et autres viscères de mouton et de chèvre. Certains ont mangé sans broncher, tandis que d’autres ont poliment refusé!

L’Amérique à vélo

Autre féru de cyclisme, Étienne Théroux, étudiant au certificat en communication, parcourt les Amériques à vélo depuis juin dernier. Son périple de 18 mois l’amè­nera dans 18 pays. Particularité du voyage : il emprunte les routes escarpées des Rocheuses au Canada et aux États-Unis, de la Sierra Madre au Mexique et des Andes en Amérique du Sud. «Bref, je suivrai la ligne de séparation des eaux des grands bassins versants… je serai sur le toit des Amériques!», a-t-il déclaré au journal L’UQAM avant son départ, en mai dernier. Il dort sous la tente, chez l’habitant ou à la belle étoile et alimente un blogue dans lequel il raconte ses aventures à l’aide de photos et de vidéos.

Ce n’est pas la première fois qu’Étienne Théroux entreprend un voyage de la sorte. Il a déjà traversé le Canada à vélo en 2005 en compagnie d’un ami. Cette fois, il veut récolter des dons pour l’organisme Équiterre afin de promouvoir le transport et l’agriculture durables. Il prévoit d’ailleurs faire du bénévolat dans des fermes biologiques sur son parcours. Au moment de mettre sous presse, à la mi-octobre, il avait traversé les Territoires du Nord-Ouest, la Colombie-Britannique, il avait franchi la frontière américaine et était parvenu jusqu’à Denver au Colorado : plus de 6 600 kilomètres parcourus… sur un total de 27 000!

Carte postale 2.0

Pierre-Luc Cloutier (B.A. communication, 09), au contraire de nos autres aventuriers, ne se décrit pas comme un grand voyageur, même s’il a réalisé un tour du monde pour le moins exceptionnel. En janvier 2011, il décroche le job de rêve : «Vacancier Air Transat». Organisé par le voyagiste, ce concours permet à deux lauréats de parcourir le monde pendant une année dans le but de faire la promotion des destinations vedettes de l’entre­prise. Choisi parmi quelque 3 000 candidats, Pierre-Luc Cloutier a parcouru près de 110 000 kilomètres et visité 23 destinations dans une dizaine de pays incluant Cuba, le Mexique, l’Irlande, la Grèce et la Turquie.

Bourlinguer à travers le monde, tous frais payés, n’est pas de tout repos. «Je partais deux semaines par mois avec ma caméra et mon trépied. Dès mon arrivée, je devais trouver un sujet pour une vidéo, en plus d’ali­menter en photos et en anecdotes le blogue, la page Facebook et un compte Twitter. Je n’avais pas beaucoup de temps pour me reposer», raconte le voyageur. On lui doit notamment une vidéo qui met en scène sa balade en montgolfière dans les paysages lunaires de la Cappa­doce, en Turquie — l’un de ses plus beaux souvenirs de voyage —, et une autre où on le voit confortablement assis au volant d’un quatre roues dans l’île grecque de Mykonos en compagnie du journaliste et animateur Dominic Arpin (B.A. communication, 93).

Mordu de télé et de culture populaire, Pierre-Luc Cloutier s’est fait connaître comme chroniqueur à Dans ma télé.ca, une webtélé un brin irrévérencieuse sur les coulisses de la télévision québécoise qu’il a créée en 2008 en collaboration avec Marie-Claude Lévesque (B.A. communication, 09) et Annie Fortin (B.A. communication, 09), deux collègues rencontrées à l’UQAM. L’expérience, qui a pris fin en 2010, lui a permis de se faire un nom dans le métier. Il est aujourd’hui scripteur multiplateforme pour TC Médias et produit entre autres du contenu Web pour Et que ça saute!, le concours culinaire de Vtélé, en ondes depuis septembre. Le jeune homme aimerait beau­coup voyager au Japon et en Asie. «Je me promets d’ex­plorer un endroit à fond au lieu de visiter un maximum de destinations en quelques jours!», dit-il en riant.