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Premier baromètre de l’image coopérative

La Chaire de coopération Guy-Bernier a conçu un outil pour mesurer la perception populaire des coopératives.

Par Claude Gauvreau

16 novembre 2015 à 15 h 11

Mis à jour le 16 novembre 2015 à 15 h 11

Les acteurs du mouvement coopératif sont préoccupés par l’image qu’ils projettent au sein de la collectivité en général.Photo: Istock

Du 10 au 13 novembre dernier, Michel Séguin, titulaire de la Chaire de coopération Guy-Bernier de l’ESG UQAM, participait au congrès de l’Alliance coopérative internationale, tenu en Turquie, pour y présenter un projet de baromètre de l’image coopérative, mené en collaboration avec la Chaire de recherche Lyon 3 coopération.

«L’idée de ce projet a émergé à la suite de la publication de notre étude sur la perception populaire de la nature et de la notoriété des entreprises coopératives, dont les résultats ont été présentés à l’édition 2014 du Sommet international des coopératives», explique le professeur du Département d’organisation et ressources humaines. Cette étude réalisée auprès de 4 000 personnes provenant de dix pays identifiait les pratiques associées aux valeurs et principes du mouvement coopératif: ouverture, engagement dans le milieu, fonctionnement démocratique, partage des bénéfices entre les membres, etc.

Les coopératives déploient beaucoup d’efforts pour démontrer qu’elles respectent ces principes et valeurs. «Cependant, elles oublient parfois que ceux-ci sont avant tout une valeur ajoutée à leur véritable finalité, laquelle consiste à offrir des services de qualité et à répondre aux besoins sociaux, économiques et culturels des membres, souligne Michel Séguin. Une entreprise qui respecte les grandes valeurs coopératives est-elle perçue pour autant comme une entreprise efficace, performante, solide financièrement?»

Les acteurs du mouvement coopératif sont préoccupés par l’image qu’ils projettent au sein de la collectivité en général. «C’est pourquoi nous avons effectué une recherche visant à mettre au point un baromètre, soit un outil viable et fiable permettant de mesurer les perceptions du grand public concernant les entreprises coopératives de toutes tailles et de tous les secteurs, tout en suivant leur évolution dans le temps», dit le professeur.

Quoi mesurer ?

Avec ses partenaires français de Lyon, la Chaire de coopération Guy-Bernier a d’abord convenu de faire une revue de littérature, qui leur a permis de constater qu’il n’existait aucun outil de mesure de l’image coopérative. Cet exercice leur a également permis de recenser une trentaine de caractéristiques associées aux coopératives: “innovantes”, “à l’écoute de leurs employés”, “compétitives”, etc. La Chaire a ensuite envoyé un questionnaire aux acteurs du mouvement coopératif (448 répondants) pour qu’ils expriment leur degré d’accord avec une série d’affirmations concernant les qualificatifs. «L’objectif était d’identifier les facteurs ou indicateurs de performance associés à l’image des coopératives que nous voulions mesurer», explique Michel Séguin.

La Chaire a identifié quatre grands facteurs de performance couvrant l’ensemble des qualificatifs: efficacité (performante, innovante), solidarité avec le milieu (caractère citoyen, responsabilité sociale), solidité financière (résistante aux crises) et employeur de choix (à l’écoute des employés).

«Notre analyse factorielle a permis de nous assurer que l’on mesurait les bonnes choses, note le professeur. Il est inutile de demander aux gens s’ils considèrent que les coopératives sont des entreprises efficaces. La question est trop générale. En leur demandant s’ils croient qu’elles sont performantes et innovantes, des qualificatifs qui renvoient à la notion d’efficacité, on s’assure de mesurer des choses plus précises.»

Enquête internationale

Les résultats et la démarche seront validés auprès de la communauté scientifique, puis des échantillons de population dans trois pays – Canada, France et Angleterre –  seront sondés à l’aide d’un  questionnaire au printemps 2016. Les résultats de cette enquête seront enfin dévoilés au troisième Sommet international des coopératives, qui se tiendra à Québec en octobre 2016.  

«Nous souhaitons que le baromètre soit utilisé dans différents pays et à tous les deux ans environ afin d’établir des comparaisons entre différentes régions dans le monde et dans le temps, souligne Michel Séguin. Il pourrait aussi servir à mesurer l’image des coopératives par secteur ou par type d’entreprises.»

Une chaire reconnue

Les travaux de la Chaire obtiennent une reconnaissance grandissante, qui déborde les frontières du Québec. Lors de la Semaine de coopération, qui s’est déroulée du 11 au 17 octobre derniers, la Chaire a accueilli une délégation de 35 cadres du Groupe BCPE, deuxième groupe bancaire en France. En collaboration avec l’ESSEC Business School, cette coopérative offre à ses cadres de consolider leur expertise à l’aide d’une formation d’un an. Durant cette période, un voyage d’études d’une semaine est organisé pour leur permettre d’explorer de nouveaux horizons. Michel Séguin se dit très heureux que le Groupe BCE ait choisi le Québec pour l’édition 2015 du voyage d’études.

La Chaire de coopération Guy-Bernier coordonnera, par ailleurs, le volet scientifique du prochain Sommet international des coopératives, en collaboration avec des chercheurs et des praticiens d’un peu partout dans le monde. L’événement, qui se déroulera sous le thème «Le pouvoir d’agir des coopératives», est organisé par l’Alliance coopérative internationale et le Mouvement Desjardins, partenaire de premier plan de la Chaire.