La dernière livraison (vol. 26, numéro 2) de la revue institutionnelle Nouvelles pratiques sociales (NPS) présente un dossier intitulé «Intersectionnalité: regards théoriques et usages en recherche et intervention féministes». L’intersectionnalité est une notion employée notamment en sociologie, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société: racisme, sexisme, homophobie.
Sous la direction d’Elizabeth Harper, professeure à l’École de travail social, et de Lyne Kurtzman, agente de développement au Service aux collectivités de l’UQAM, le dossier situe l’émergence et le développement du concept d’intersectionnalité, ainsi que ses ancrages sociaux et théoriques. Les textes réunis proposent un éclairage sur les multiples significations qu’introduit le concept, notamment sur les plans théorique et méthodologique, et sur ses différents usages comme outil de changement social et de recherche sur les inégalités sociales.
Depuis quelques années, au Québec comme ailleurs, et particulièrement dans les milieux féministes, de plus en plus de chercheuses, d’intervenantes et de militantes s’inspirent des approches intersectionnelles pour comprendre et agir sur les inégalités que vivent certains groupes de femmes marginalisées: violence conjugale et familiale vécue par les femmes immigrantes et autochtones; santé des femmes du point de vue de la justice reproductive; accès aux services de santé pour des femmes des milieux ethnoculturels; embauche dans des emplois non traditionnels; discriminations particulières envers les femmes qui s’identifient comme lesbiennes. On constate depuis peu une augmentation marquée des usages de l’intersectionnalité dans d’autres milieux de recherche et d’intervention, par exemple les cultural studies, les études LGBT, les sciences juridiques, les études sur la masculinité, la santé et le VIH.
Dirigée par le professeur Michel Parazelli, de l’École de travail social, la revue s’adresse aux praticiens du réseau des affaires sociales, aux étudiants engagés en intervention sociale, aux militants des organismes syndicaux, communautaires et bénévoles, aux professeurs et aux chercheurs. Elle se veut un lieu de recherche sur l’intervention sociale critique, fondé sur la reconnaissance du pluralisme et axé sur le renouvellement démocratique des pratiques sociales issues du réseau institutionnel et des organismes non gouvernementaux. NPS a un double objectif: offrir une réflexion de niveau universitaire sur les problématiques sociales et s’assurer que celle-ci soit pertinente pour les milieux d’intervention.