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Place à la relève

Frédérick Gagnon est le nouveau titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.

Par Pierre-Etienne Caza

14 juin 2016 à 8 h 06

Mis à jour le 14 juin 2016 à 8 h 06

Frédérick GagnonPhoto: Émilie Tournevache

Titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques depuis sa création il y a 20 ans, Charles-Philippe David passera le flambeau à son collègue Frédérick Gagnon le 1er juillet prochain. «Ce sont de grands souliers à chausser, car Charles-Philippe est un pilier en études internationales au Québec, reconnaît Frédérick Gagnon. Mais comme cela fait des années que je travaille étroitement avec lui, je suis assuré que la transition s’effectuera en douceur.»

Professeur au Département de science politique depuis 2008, où il enseigne la politique intérieure des États-Unis, Frédérick Gagnon est un pur produit de l’UQAM. Il y a complété ses études en science politique au baccalauréat (2001), à la maîtrise (2004, sous la direction de Louis Balthazar) et au doctorat (2008, sous la direction de Charles-Philippe David). Récipiendaire d’une bourse Fulbright du département d’État américain pour un séminaire post-doctoral sur la politique américaine à l’Université du Massachusetts à Amherst, en 2005, il a aussi été chercheur invité au Canada Institute du Woodrow Wilson International Center for Scholars à Washington ainsi que professeur/chercheur invité à la Western Washington University, à Bellingham (WA), en 2008. Récipiendaire d’une deuxième bourse Fulbright en 2014-2015, il a été titulaire d’une Chaire de recherche sur les relations Québec-États-Unis à l’Université de New York à Plattsburgh à l’automne 2014, et chercheur Fulbright à l’Université de Californie à Berkeley à l’hiver 2015. Il a dirigé l’un des rares ouvrages en français sur l’évolution et le fonctionnement du Congrès américain (Le Congrès des États-Unis, PUQ, 2006). Frédérick Gagnon connaît bien les rouages de la chaire qu’il s’apprête à diriger. «Je suis impliqué à la Chaire depuis 2002. L’Observatoire sur les États-Unis venait d’être créé et Charles-Philippe m’avait proposé d’en faire partie, se rappelle-t-il. Ma première collaboration a été une participation à l’ouvrage collectif Repenser la sécurité (Fides, 2002), publié dans la foulée du 11 septembre 2001.»

Le mandat de la Chaire

Le nouveau titulaire souhaite poursuivre la double mission de la chaire en matière de recherche et de vulgarisation. «Je suis très fier de la qualité de la recherche effectuée à la Chaire, souligne-t-il. Nos travaux sont publiés dans de prestigieuses maisons d’édition et revues internationales. Nous tâchons également de produire des ouvrages de vulgarisation plus accessibles au grand public, comme le récent collectif L’effet 11 septembre. 15 ans après (Septentrion, 2016). C’est cet équilibre qui fait notre force. Les interventions médiatiques de nos chercheurs viennent également donner de la visibilité à nos travaux et contribuent avec succès au rayonnement  de la Chaire, tout comme les colloques et les événements que nous organisons.»

«Je suis très fier de la qualité de la recherche effectuée à la Chaire. Nos travaux sont publiés dans de prestigieuses maisons d’édition et revues internationales.»

Frédérick gagnon

Titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques à compter du 1er juillet.

Au cours des dernières années, la Chaire Raoul-Dandurand a accru sa présence sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. «C’est une autre façon de rejoindre le public et de mettre en valeurs nos travaux», précise Frédérick Gagnon.

L’enseignement

Le professeur devra-t-il céder le pas à l’administrateur? «J’adore l’enseignement, mais je devrai réduire ma tâche», concède le spécialiste de la politique américaine, un professeur passionné qui avait accueilli Actualités UQAM dans l’un de ses cours à l’automne 2016. En cette année électorale américaine, il animera tout de même à l’automne le séminaire de maîtrise sur la politique intérieure des États-Unis. Il poursuivra également son travail d’encadrement aux cycles supérieurs. «Les travaux des trois étudiants au doctorat et de la douzaine de candidats à la maîtrise que je dirige actuellement sont en lien avec les travaux de la Chaire, précise-t-il. Cela me permet d’identifier des jeunes chercheurs qui pourront éventuellement se greffer à notre équipe.»

La formation de la relève

La formation de la relève est cruciale pour Frédérick Gagnon. «Je suis l’exemple type de ce que la Chaire permet. Lorsque j’étais étudiant, j’ai eu la chance de participer à des ouvrages, à des colloques et à des conférences, en plus d’avoir l’occasion de donner des cours. Cela m’a permis de progresser professionnellement. En ce sens, la mission de vulgarisation de la chaire est cruciale, car elle permet à de jeunes chercheurs de vivre leur première expérience de publication, comme ce fut le cas récemment avec L’effet 11 septembre. 15 ans après.»

Des axes établis

Au fil des ans, la Chaire Raoul-Dandurand a développé quatre grands domaines d’expertise portant sur la géopolitique, la résolution de conflits et les missions de paix, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et les États-Unis. «L’équipe effectue un excellent boulot et l’objectif est de dénicher d’autres chercheurs de talent pour se joindre à nous», affirme Frédérick Gagnon.

La Chaire vient d’ailleurs de recruter Bruno Charbonneau, professeur à l’Université Laurentienne et spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, afin de diriger le nouveau Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix, créé en janvier dernier. «Ils ont organisé leur colloque inaugural en mai dernier et ce fut un succès», souligne  Frédérick Gagnon.

«L’équipe effectue un excellent boulot et l’objectif est de dénicher d’autres chercheurs de talent pour se joindre à nous.»

L’Observatoire de géopolitique est dirigé par Élisabeth Vallet, professeure associée au Département de géographie. «Ses travaux sur les murs et les frontières, qui touchent des enjeux liés à la mondialisation, trouvent des échos partout dans le monde», note fièrement le futur titulaire.

Le professeur de l’Université de Sherbrooke Sami Aoun pilote l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. «Ses interventions médiatiques remarquées font connaître les travaux de l’équipe, qui organisera un colloque sur la géopolitique du Moyen-Orient à l’hiver 2017.»

Le professeur Gagnon demeurera à la tête de l’Observatoire sur les États-Unis, qu’il dirige depuis 2009. «La soirée électorale du 8 novembre prochain ressemblera à celle organisée en 2012, annonce-t-il. Elle aura lieu à la SAT en présence de nombreux invités. Nos chercheurs vont commenter les résultats et des journalistes seront sur place.»

Les grandes puissances

Des secteurs émergents seront-ils sous la loupe de la Chaire Raoul-Dandurand au cours des prochaines années? «Il faudrait s’intéresser davantage à la géopolitique des grandes puissances, que l’on a oubliée quelque peu depuis septembre 2001, affirme Frédérick Gagnon. Je pense aux États-Unis et à la Chine, bien sûr, mais aussi à la Russie, impliquée dans la plupart des grands dossiers internationaux, dont la Syrie.» Vladimir Poutine, souligne-t-il avec justesse, est un acteur politique majeur sur la planète à l’heure actuelle. «Imaginons un instant la relation Poutine-Trump…», ajoute-t-il, sourire en coin.