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L’abrazo du tango

La photographe et chargée de cours Caroline Hayeur présente une exposition sur la danse.

Par Valérie Martin

8 novembre 2016 à 16 h 11

Mis à jour le 16 novembre 2016 à 13 h 11

L’abrazo, c’est la manière de se prendre dans les bras, le moment où, dès les premiers instants d’un tango, on s’installe dans une posture qui épouse (embrasse) celle de l’autre. Abrazo, c’est aussi le thème et le titre de l’exposition sur le tango de la chargée de cours et photographe Caroline Hayeur, de l’École des médias, réalisée en collaboration avec l’artiste interdisciplinaire, performeuse et danseuse de tango D.Kimm.

L’événement propose une incursion intimiste dans ce milieu grâce à une cinquantaine de photographies prises dans les milongas (soirées et salles de danse) de Buenos Aires, en Argentine, et de Montréal (Rialto, Tango Social Club, Air de tango, etc.). Le projet permet une réflexion sur les rapports homme-femme, les codes sociaux, la fragilité et la représentation de soi et du «nous».

«Dans le cadre de mon travail, je m’intéresse en particulier aux émotions, aux différents lieux et formes de socialisation, explique la chargée de cours, qui a déjà réalisé plusieurs clichés sur la danse dont une série de portraits de la scène rave montréalaise (Rituel festif – Portraits de la scène rave à Montréal, 1997). C’est donc tout naturellement que je me suis penchée sur la proximité entre les danseurs de tango.»

L’expo présente les différents codes régissant cette danse sociale et le déroulement typique des pratiques et autres milongas: la femme qui attend d’être choisie par un partenaire, l’enchaînement classique des tandas (pièces musicales du même style) entrecoupées de cortinas (pauses musicales), etc. Les vieux cadres rococo sont tirés de la collection personnelle de D.Kimm et ont été soigneusement choisis par les artistes. Dans une deuxième salle, une installation interactive invite les visiteurs à danser avec un partenaire virtuel.

Les deux artistes, qui rêvaient de travailler ensemble depuis longtemps, ont profité en 2014 d’un programme de résidence d’artistes du Conseil des arts et des lettres du Québec pour réaliser la première partie du projet en Argentine. «Nous avons terminé le travail à Montréal deux ans plus tard», précise Caroline Hayeur.

Certains clichés d’Abrazo s’intéressent de plus près au phénomène du tango queer. «Ce style de tango déconstruit les codes rigides du tango traditionnel voulant que seul l’homme puisse guider la femme, même si, à l’origine, les hommes dansaient ensemble le tango!, s’amuse Caroline Hayeur. Le tango queer permet aux femmes d’explorer les figures réservées aux hommes. Montréal est une ville très ouverte au tango alternatif.»

L’exposition est présentée à la galerie Occurrence – Espace d’art et d’essai contemporains, du mardi au samedi, de midi à 17 h, jusqu’au 17 décembre prochain.

ADOLAND, le dernier projet photographique de Caroline Hayeur, qui s’intéressait à la chambre d’adolescent, a été diffusé aux quatre coins du Québec depuis deux ans.