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Scandale et liberté

Trois chercheuses de l’UQAM présentent un colloque sur le scandale au théâtre.

Par Valérie Martin

7 mars 2016 à 10 h 03

Mis à jour le 7 mars 2016 à 10 h 03

L’affiche du colloque «Théâtre.Liberté.Scandale».Illustration: Mathilde Corbeil

Qu’est-ce qu’un scandale et que révèle-t-il? Quelle est la liberté du créateur? Ce sont ces questions qui seront débattues lors du colloque interdisciplinaire «Théâtre.Liberté.Scandale. Que peut le transgressif pour les arts de la scène?», lequel aura lieu à l’Usine C, les 18 et 19 mars prochains. L’événement, qui se tiendra dans le cadre des Rendez-vous art et politique, permettra de souligner la 20e saison du théâtre, placée sous le thème «Vingt ans de liberté».

Fruit d’une collaboration entre le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) de l’UQAM et l’Usine C, le colloque est organisé par la professeure Ève Lamoureux, du Département d’histoire de l’art, Julie Paquette (B.A. science politique, 2004), chargée de cours au Département de science politique, et Emmanuelle Sirois, doctorante en études et pratiques des arts sous la direction du professeur Yves Jubinville, de l’École supérieure de théâtre.

L’événement s’inscrit dans le cadre de la présentation de l’adaptation scénique de Quills, de Doug Wright, qui prendra l’affiche à l’Usine C, du 16 mars au 9 avril. L’œuvre, mise en scène par Robert Lepage et Jean-Pierre Cloutier, présente les derniers moments de la vie du marquis de Sade, interprété par Robert Lepage. La pièce s’articule autour de la responsabilité de l’artiste et de la liberté d’expression. «On dit que Sade est un monstre, mais la pièce nous amène à questionner qui sont les vrais monstres: l’artiste ou les gens qui emprisonnent l’artiste? Qui commet la violence, celui qui écrit des choses violentes ou celui qui censure?», résume Julie Paquette. Auteure d’une thèse de doctorat en science politique sur l’écrivain, cette dernière prononcera une conférence le 18 mars sur Sade et le cinéaste Pier Paolo Pasolini.

Une programmation chargée

Au programme de l’événement: cinq panels présentant différents scandales dans le monde du théâtre contemporain, une table ronde grand public, une conférence, un lancement de livre et une visite guidée du quartier gai. Outre le marquis de Sade, d’autres cas d’artistes ayant fait scandale, comme Valérie Solanas, Antonin Artaud, Rodrigo García et Bertrand Cantat, seront abordés. «On tentera de comprendre l’articulation entre les thèmes du scandale et de la liberté, tout en questionnant sa récupération», explique Emmanuelle Sirois, laquelle prononcera une conférence, le 19 mars, sur la relecture de la pièce L’outrage au public, de Peter Handke, réalisée par le metteur en scène Christian Lapointe. «Le scandale peut devenir un branding à une époque où faire scandale est désormais la norme!», dit la doctorante.

Les conférenciers discuteront de censure, de transgression, de liberté d’expression et d’oppression. Le professeur de théâtre Olivier Neveux (Lyon, France), auteur de l’ouvrage Politiques du spectateur. Les enjeux du théâtre politique aujourd’hui, prononcera une conférence le 19 mars, à 14 h, intitulée «Le théâtre politique face au scandale du monde social».

À la fin de la première journée des rencontres, les participants seront invités à voir la pièce Quills, à 20 h. Le lancement du livre Quelque chose en moi choisit le coup de poing, de Mathieu Leroux, publié aux éditions La Mèche, précédera la présentation de la pièce. L’auteur et l’éditeur s’entretiendront avec le public sur des thèmes en lien avec le colloque.

Julie Paquette et Emmanuelle Sirois.Photo: Pierre Antoine Lafon Simard

Le colloque prendra fin avec une visite guidée du quartier gai. Intitulée «De la répression policière au tourisme rose: repenser le village gai», la visite sera donnée par Bruno Laprade (B.A. études littéraires, 2006), doctorant en sémiologie, activiste et membre de la Coalition montréalaise des groupes jeunesse LGBT. «L’idée sera de mieux faire connaître l’histoire du quartier entourant l’Usine C. On y abordera entre autres les thèmes de l’économie rose, sans oublier, bien sûr, les scandales ayant touché le quartier gai», dit Emmanuelle Sirois.

Démocratiser l’art

Théâtre.Liberté.Scandale fait partie des Rendez-vous art et politique, une série d’événements proposant des moments de réflexion et d’échanges entre citoyens et acteurs sur des enjeux sociaux et politiques contemporains. «Nous avons voulu présenter un colloque ouvert à tous, réunissant à la fois des praticiens, des théoriciens et des étudiants des trois cycles», explique Emmanuelle Sirois. En collaboration avec l’Atelier radio, les chercheuses ont produit du contenu explicatif afin de présenter différentes œuvres qui seront discutées durant le colloque. «Les participants qui ignorent ce qu’est la pièce Les fées ont soif, de Denise Boucher, ou le SCUM Manifesto de Valérie Solanas pourront en avoir un aperçu», dit Julie Paquette. Les capsules informatives seront publiées sur la page Facebook du colloque. L’Atelier radio assurera également la captation de l’événement.

L’événement a été rendu possible grâce à une subvention du programme Connexion du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), dédié au rayonnement d’activités scientifiques. L’Usine C, le CÉLAT, les éditions la Mèche et l’Atelier radio ont aussi apporté un soutien financier. Les échanges qui auront lieu durant le colloque feront possiblement l’objet d’une publication.

Il est possible de s’inscrire au colloque sur la page Facebook de l’événement. Le coût est de 60 dollars pour participer aux deux journées incluant le repas et le billet pour voir Quills inclus, ou de 25 dollars pour assister au colloque seulement.