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Deux scientifiques émérites

Les professeurs Richard Béliveau et Dolors Planas reçoivent le statut de professeur émérite.

15 février 2016 à 14 h 02

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 24

Les professeurs Dolors Planas, du Département des sciences biologiques, et Richard Béliveau, du Département de chimie, ont officiellement reçu le statut de professeur émérite le 11 février dernier dans le cadre de la remise des Prix d’excellence de la Faculté des sciences.

Dolors Planas

Yves Prairie, professeur au Département des sciences biologiques, Robert Proulx, recteur, Dolors Planas, professeure émérite du Département des sciences biologiques, et Luc-Alain Giraldeau, doyen de la Faculté des sciences.Photo: Denis Bernier

Spécialiste des écosystèmes aquatiques d’eaux douces, Dolors Planas contribue depuis plus de 30 ans à l’avancement de la recherche dans le domaine de la limnologie et de l’environnement. La professeure a contribué à une meilleure compréhension d’un grand nombre d’enjeux environnementaux, dont les effets de la coupe forestière sur les apports de nutriments aux milieux aquatiques, la contamination de la chaîne alimentaire par le mercure, et la prolifération des cyanobactéries dans les lacs d’eaux douces de l’Est du Québec, particulièrement en Estrie. «Ces espèces toxiques se retrouvent de plus en plus dans les lacs en raison, notamment, des changements climatiques», explique la professeure.

Détentrice d’un doctorat en limnologie (1972) et d’une licence en biologie (1962) de l’Université de Barcelone, Dolors Planas est professeure à l’UQAM depuis 1977. Dès son embauche, la professeure a grandement contribué à la mise en place et au développement du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL). Dolors Planas a aussi a été très impliquée dans la mise sur pied et le développement de l’axe de recherche Écologie des eaux douces au Département des sciences biologiques ainsi que du programme de doctorat en sciences de l’environnement, dont elle a été la deuxième directrice, de 1988 à 1992. Elle a aussi été directrice du programme de maîtrise en biologie, de 1983 à 1985. Ses travaux de recherche lui ont permis d’obtenir, en 1996, le prestigieux prix de carrière Rigler, décerné par la Société canadienne de limnologie à un chercheur qui, par son envergure et son originalité, a eu un impact significatif sur la discipline.

«Depuis 30 ans, la recherche dans le domaine a beaucoup évolué, remarque Dolors Planas. Les paradigmes et les outils ont changé. Bon nombre de projets de recherche portent aujourd’hui sur les contaminants et le cycle du carbone. De nouveaux outils comme la génomique nous aident désormais à mieux déterminer les facteurs perturbant l’environnement comme les gaz à effets de serre, le cycle du mercure et les pesticides et à en obtenir un portrait plus complet. Nous utilisons la génomique en écologie aquatique et en écotoxicologie pour faire, entre autres, des analyses de la composition des communautés microscopiques et leur fonction, ainsi que la diversité, leur distribution et leur abondance en relation par exemple à la production de methylmercure.»

Auteure de plusieurs articles scientifiques et chapitres de livres, la professeure a aussi contribué à la formation de plusieurs étudiants en écologie et en sciences de l’environnement, ayant encadré plus de 125 étudiants des trois cycles ainsi que plusieurs stagiaires.

Au plan international, Dolors Planas a été membre du comité de création du Département de biologie de l’environnement de l’Université de l’Azuay, en Équateur, grâce à un financement de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), et du comité de création de l’Université Ikiam, en Amazonie équatorienne. Elle a aussi été professeure invitée dans plusieurs institutions, dont l’Université de Vigo, l’Université des îles Baléares (Spanish National Research Council – CSIC) et l’Université de Barcelona, en Espagne, l’Université Nacional Autonoma de Mexico, au Mexique, l’Université Nacional del Nordeste et l’Université de la Plata, en Argentine. En collaboration avec les professeurs Béatrix Beisner, du Département des sciences biologiques, et Marc Amyot, de l’Université de Montréal, Dolors Planas présente le colloque «Bilan de santé des écosystèmes aquatiques dans le sud du Québec», qui aura lieu le 13 mai prochain, à l’UQAM dans le cadre de l’Acfas.

Richard Béliveau

Borhane Annabi, titulaire de la Chaire de recherche en prévention et traitement du cancer, Robert Proulx, recteur, Richard Béliveau, professeur émérite du Département de chimie, et Luc-Alain Giraldeau, doyen de la Faculté des sciences.Photo: Denis Bernier

Spécialiste de la prévention et du traitement du cancer, le professeur Richard Béliveau, du Département de chimie, a été tour à tour chercheur, professeur, auteur et vulgarisateur scientifique. Ses travaux ont permis de mieux comprendre le développement des cancers et la mise au point de stratégies innovantes dans leur traitement. Une des découvertes majeures du chercheur et de son équipe de recherche d’Angiochem consiste à avoir identifié une molécule permettant de franchir la barrière sang-cerveau, cette barrière chimique protégeant le cerveau contre l’intrusion de substances toxiques. Cette découverte a mené à la création d’un médicament pour traiter le cancer du cerveau qui fait présentement l’objet d’essais cliniques aux États-Unis.

«Nous sommes présentement en phase II de la recherche, précise Richard Béliveau. Au cours de cette année, nous entamerons la phase finale des essais, qui mène à l’approbation du médicament.»

Détenteur d’un doctorat en biochimie de l’Université Laval (1980) et d’une maîtrise en biologie moléculaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières (1976), Richard Béliveau a été professeur au Département de chimie de 1984 à 2013, où il a enseigné la biochimie aux trois cycles tout en encadrant les travaux de recherche d’une centaine de stagiaires de premier cycle, de 75 candidats à la maîtrise, de 32 doctorants, de neuf stagiaires postdoctoraux et de plusieurs médecins résidents. Il a aussi enseigné aux départements de pédiatrie, de physiologie et de chirurgie de l’Université de Montréal tout en étant membre ou directeur de plusieurs unités de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, de l’Hôpital général juif de Montréal et du Département d’oncologie de l’Université McGill. Détenteur de 37 brevets, le professeur compte à son actif plus de 260 publications scientifiques dans des revues prestigieuses telles que Lancet, Journal of Biological Chemistry et Cancer Research, cinq chapitres de livres, 412 résumés de communications et il a donné quelque 600 conférences partout dans le monde.

Avec l’appui de l’UQAM et de Gestion Valeo, Richard Béliveau a fondé la compagnie de biotechnologies Angiochem et a également contribué à la création du centre de recherches biomédicales BioMed, du programme de doctorat en biochimie de l’UQAM et de la Chaire en prévention et traitement du cancer de l’UQAM, dont il est désormais le directeur scientifique après en avoir été le titulaire jusqu’en 2012.

«On comprend de mieux en mieux le cancer et le fait que c’est une maladie chronique que l’on peut aider à prévenir par des changements dans son mode de vie, dit le chercheur. C’est l’une des grandes découvertes en oncologie au cours des dernières années et l’un des volets importants de la Chaire, soit de sensibiliser la population à l’importance de la prévention. L’hérédité joue un rôle beaucoup moins important que ce que l’on croyait, puisque dans 75 % des cas, l’apparition de la maladie est associée au mode de vie.»

Comme chercheur principal, Richard Béliveau a reçu plus de 30 millions de dollars provenant d’organismes subventionnaires provinciaux et nationaux (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), Fonds de recherche du Québec – Santé (FRSQ), instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), Société de recherche sur le cancer et Fondation canadienne du rein) et de contrats de recherche de compagnies pharmaceutiques parmi les plus influentes au niveau mondial, comme Novartis, Pfizer et Astra-Zeneca. Communicateur de talent, celui qui a reçu, en 2013, la Médaille de l’UQAM en reconnaissance de sa carrière professorale, a publié six ouvrages grand public sur la santé et les bonnes habitudes de vie, et près de 500 chroniques de recherche médicale dans une vingtaine de médias canadiens tout en participant à plusieurs émissions de télévision visant le bien-être global de la population. Son premier ouvrage, Les aliments contre le cancer, s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires et a été traduit en 29 langues.