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Immeubles écoénergétiques

Une étude démontre la rentabilité des projets de rénovation visant l’amélioration de la performance énergétique.

Par Pierre-Etienne Caza

22 janvier 2018 à 14 h 01

Mis à jour le 22 janvier 2018 à 16 h 01

La centrale thermique du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM.Photo: Nathalie St-Pierre

Dans un climat nordique comme le nôtre, l’efficacité énergétique des bâtiments commerciaux et institutionnels constitue un enjeu économique et environnemental de taille. Si les nouveaux bâtiments doivent répondre à des exigences élevées en la matière, comment améliorer la performance des immeubles existants? Mandatée par l’organisme gouvernemental Transition énergétique Québec (TEQ), la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM mène un projet de recherche pour répondre à cette question.

Les chercheurs de la Chaire ont interrogé une cinquantaine d’experts, de propriétaires et de gestionnaires d’immeubles montréalais. «Ces échanges nous ont permis de cerner les meilleures pratiques en la matière», affirme la titulaire de la chaire, Andrée De Serres, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM.

Les propriétaires d’immeubles institutionnels – universités, commissions scolaires, hôpitaux, villes – occupent habituellement des édifices qui leur appartiennent. «Toutes les économies qu’ils peuvent réaliser sur leurs coûts d’énergie vont dans leurs poches et leur procurent une marge de manœuvre budgétaire pour d’autres projets. C’est souvent une motivation suffisante pour entreprendre des travaux», souligne Andrée De Serres.

Ces travaux, qui touchent l’enveloppe du bâtiment, les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation d’air, ne sont pas anodins. La difficulté principale est d’obtenir les budgets pour les mener à bien. «Cela prend quelques années pour récupérer les sommes investies, mais notre étude démontre que les économies  seront au rendez-vous, assure la professeure. De plus, les nouveaux équipements entraînent une réduction des émissions de gaz à effet de serre.»

Les outils et logiciels liés à l’exploitation intelligente des bâtiments permettent de suivre en continu la performance des nouveaux systèmes, de prévenir les défaillances ou d’y remédier rapidement, dans le but d’atteindre et de conserver le niveau de performance visé, souligne la chercheuse. « Il est important d’investir dans du personnel capable d’utiliser ces outils.»

Les enjeux sont différents du côté des immeubles commerciaux, où les locataires, qui paient généralement les coûts d’énergie au prorata de la surface qu’ils utilisent, seront les principaux bénéficiaires d’un projet d’efficacité énergétique. Pour le propriétaire, l’incitatif à se lancer dans un tel projet est donc moins grand, mais de nouvelles pratiques se développent, notamment le “bail vert”. «Le propriétaire peut ainsi demander aux locataires de partager les coûts d’un projet de rénovation majeur», illustre-t-elle.

La professeure s’attend à un resserrement des règles gouvernementales en matière de performance énergétique des immeubles existants. «Il faut préparer les propriétaires à faire face à ces nouvelles normes. C’est pourquoi la chaire est à l’affût d’outils développés ailleurs dans le monde pour améliorer la performance énergétique des édifices.»

L’étude de la Chaire Ivanhoé Cambridge a conduit à la réalisation d’un guide informatif. Ce guide, qui sera publié par TEQ, mettra en valeur cinq cas exemplaires en matière de gestion de l’énergie. «L’objectif est d’inspirer d’autres propriétaires d’immeubles institutionnels et commerciaux à emprunter la voie de l’efficacité énergétique et à leur offrir un aperçu des meilleures façons d’y parvenir», conclut Andrée De Serres.