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Designer locale 

Sofia Sokoloff conçoit des dessous sophistiqués pour toutes les tailles, faits au Québec à 100%. 

Par Valérie Martin

26 janvier 2018 à 11 h 01

Mis à jour le 30 janvier 2018 à 13 h 01

Série «Sur le terrain»
Des diplômés de l’UQAM qui ont fait leurs preuves répondent à 10 questions sur leur univers professionnel.

Photo: Nathalie St-Pierre

La designer Sofia Sokoloff (B.A. gestion et design de la mode, 2012) a fondé la griffe de lingerie féminine qui porte son nom en 2011 durant ses études à l’UQAM. Celle qui a déjà travaillé comme couturière au Cirque du Soleil a ensuite parfait ses connaissances dans le domaine de la lingerie comme dessinatrice technique chez La Senza et auprès d’artisans. Sokoloff Lingerie, qui emploie une dizaine d’employées, propose des dessous qui se veulent à la fois pétillants, délicats et sophistiqués.

Entièrement fabriqués dans un atelier de la 17e avenue à Montréal, les sous-vêtements sont disponibles en ligne et dans près d’une centaine de boutiques au Canada, aux États-Unis et même à Bali. À Montréal, on peut les trouver chez Simons et dans certaines boutiques comme Belle et rebelle et Unicorn. Sur son compte Instagram, la jeune trentenaire, née en Argentine, se montre de plus en plus soucieuse de présenter des mannequins de toutes les tailles et origines.

Quelle est la plus grande qualité pour être heureux dans votre domaine?

Il faut être passionné, certes, mais la clé du succès, c’est de s’entourer d’une équipe d’employés à la fois solide et compétente.

Votre plus grande réussite?

Sans surprise, mon entreprise Sokoloff Lingerie. Je suis heureuse d’avoir créé mon propre emploi et de pouvoir vivre de ma passion.

Un faux pas qui vous a servi de leçon?

J’ai voulu me prendre pour une programmeuse web et, au bout de cinq minutes seulement, j’ai fait planter le site internet de ma compagnie! J’ai mis des heures à remettre le site en état de fonctionner. Morale de l’histoire: ne pas penser que l’on peut TOUT faire et embaucher un expert afin de sauver temps et argent.

Un bon coup d’un compétiteur que vous auriez aimé faire?

La marque de lingerie torontoise Fortnight a lancé, en 2010, une publicité intitulée Super Sexy CPR dans laquelle des mannequins en sous-vêtements pratiquaient des méthodes de réanimation. C’était un vrai bon coup marketing, puisqu’on allait au-delà des belles filles et des beaux gars en tenue sexy. Il y avait une histoire derrière. Cette pub leur a permis de se faire connaître et de se démarquer de la concurrence.

La dernière tendance dans votre secteur?

Les tissus écologiques et biologiques plus respectueux de l’environnement. Nous comptons d’ailleurs suivre cette tendance et lancer une collection bio très bientôt. Les clientes se préoccupent de plus en plus de la présence de produits chimiques dans la fabrication des sous-vêtements.

Photo: Nathalie St-Pierre

Et ce qui est définitivement dépassé?

Les soutiens-gorge push-up, qui donnent instantanément aux petites poitrines l’effet d’un décolleté pigeonnant. Je n’en vois presque plus sur le marché et c’est tant mieux! La mode est au naturel et les femmes assument davantage leurs formes.

Sur la scène nationale ou internationale, qui est l’influenceur de l’heure?

Un bel exemple, dans l’industrie, c’est le propriétaire de Patagonia [la marque de vêtements de plein air]. En plus de créer des vêtements pour des sports qu’il aime, il offre des services de réparation, il s’associe à plusieurs causes humanitaires et il va prochainement lancer un site «friperie» pour la revente de vêtements Patagonia déjà portés. Son histoire est plus qu’inspirante et il trouve toujours le moyen de se renouveler tout en conservant ses valeurs. 

Nommez une étoile montante qui vous inspire.

Bon, ça va sonner «téteux», mais je vais en nommer deux qui sont proches de moi. Je suis propriétaire, depuis l’hiver dernier, d’un immeuble dans Saint-Michel où je loue de l’espace à deux autres designers, Gibou [accessoires tricotés] et Lovan M [vêtements pour femmes]. Ce sont deux jeunes femmes d’affaires qui ont débuté récemment, chacune dans leur domaine. Non seulement nous nous entraidons énormément, mais les filles m’impressionnent beaucoup. C’est fou à quel point elles sont créatives, dégourdies et débrouillardes. J’adore arriver au travail et sentir cette énergie-là dans mon environnement. 

Quel est le livre qu’il faut lire en ce moment?

Pour moi, il n’y a pas un livre ou un magazine à lire, mais il est très important de suivre l’actualité, de lire les journaux, d’aller à des conférences. Quand on a une compagnie, il faut se tenir au courant des décisions internationales pouvant affecter son domaine, ou encore des nouveaux visages sur la scène artistique, ou du débat de l’heure. 

Les deux principaux conseils que vous donneriez à un jeune qui commence sa carrière?

Ce n’est pas vrai que la mode est un milieu saturé. Si les consommateurs aiment ton image de marque, ils vont l’adopter. Pour se faire connaître, il ne faut pas hésiter aussi à mettre sur pied des événements, à provoquer les choses… Il faut arrêter de se prendre la tête avec les études de marché et passer à l’action!