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Éviter un retour à l’hôpital

Des prescriptions d’activité physique après une hospitalisation favorisent l’autonomie des personnes âgées.

12 mars 2019 à 15 h 03

Mis à jour le 12 mars 2019 à 15 h 03

Photo: Getty Images

Les aînés canadiens représentent 18 % de la population, mais comptent pour 42 % des hospitalisations. Ces séjours à l’hôpital entraînent de lourdes conséquences: déclin de la mobilité, risque accru de chute, et réadmission hospitalière… autant d’obstacles à l’autonomie de la personne et à son maintien à domicile. Une équipe de recherche propose une approche simple pour réduire ces risques: des prescriptions d’activité physique à faire quotidiennement à la maison, au retour d’une hospitalisation. 

Cette étude a été menée à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL) par la professeure du Département des sciences de l’activité physique Mylène Aubertin-Leheudre et par Marie-Jeanne Kergoat, chef du Département de gériatrie du CCSMTL et professeure titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Les résultats de leur étude viennent d’être publiés dans The Journal of Post-Acute and Long-Term Care Medicine.

Trois tests simples pour prescrire un programme d’exercices

C’est prouvé: faire de l’activité physique permet de contrer la perte de muscle et de force. Être actif renforce également l’équilibre et la confiance en ses capacités de mobilité et d’autonomie. Or, après un séjour hospitalier, presque tous les aînés se sédentarisent, ce qui accentue le déclin de leur autonomie physique et de leur mobilité. Afin de faciliter la «prescription» de programmes d’exercice physique, l’équipe de Mylène Aubertin-Leheudre a développé un outil d’aide à la décision basé sur des données de recherche. En se fondant sur trois critères simples (la capacité cardio-musculaire, l’équilibre ainsi que la santé cognitive et la présence ou non d’un proche aidant), le personnel soignant était en mesure de «prescrire» un des 27 programmes proposés. Les activités étaient à faire au retour à domicile, tous les jours. Comme les exercices devaient être exécutés par des personnes âgées fragiles, sans surveillance professionnelle, ils se devaient d’être simples et sécuritaires. Nécessitant au plus une chaise et un comptoir de cuisine, ils sont accessibles au plus grand nombre.

Résultats: simple, facile et efficace!

L’étude a été réalisée sur une période de 12 semaines auprès de 29 patients, dont 17 ont complété le protocole en entier. Les participants ont réalisé en moyenne 52 séances d’exercices à domicile, soit plus de 4 séances de 20 minutes par semaine.

«Pour que le projet soit accueilli par les professionnels de la santé, il devait être perçu comme facile et rapide à utiliser ainsi que sécuritaire pour leurs patients. Les patients, quant à eux, devaient avoir confiance en l’efficacité du programme et en leur capacité de réaliser seuls les exercices en toute sécurité. D’un côté comme de l’autre, les résultats sont positifs», se réjouit Mylène Aubertin-Leheudre.

On a constaté chez les participants une augmentation de la vitesse de marche et aucune augmentation du nombre de chutes. 76 % des participants âgés ont signifié avoir apprécié le programme, et  82 % s’en sont dit «satisfaits» ou «très satisfaits». Parmi les professionnels, 88 % ont trouvé le programme «pertinent» ou «très pertinent». La plupart ont mentionné sa facilité et sa rapidité d’utilisation.

D’autres établissements intéressés

Fortement appuyé par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, le projet suscite déjà l’intérêt d’autres établissements. «Nous souhaitons maintenant implanter ce programme à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et dans deux autres établissements. Cela permettra de le tester auprès de clientèles âgées ayant d’autres profils, et auprès d’autres types d’équipes de soins. Ce sera également l’occasion d’évaluer son ratio coût-efficacité. Je crois que cette approche permettra de réduire grandement le nombre de ré-hospitalisations des personnes âgées, mais nous devons le mesurer concrètement. À long terme, c’est l’ensemble des personnes âgées du Québec qui devraient en profiter», conclut Mylène Aubertin-Leheudre.