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Manon Barbeau, caméra au poing

La cinéaste a choisi de donner la parole aux laissés-pour-compte de la société.

Série

L'esprit UQAM

8 octobre 2019 à 11 h 10

Mis à jour le 21 janvier 2020 à 10 h 01

Série L’esprit UQAM
On les reconnaît à leur audace, à leur esprit d’innovation, à leur sens de l’engagement. Ils ont «l’esprit UQAM». À l’occasion du 50e, des diplômés qui ont fait leur marque dans toutes les sphères de la société évoquent leur parcours uqamien. Cette série a été créée pour le site web UQAM: 50 ans d’audace.

Lauréate de nombreux prix, dont un prix Reconnaissance en 2010 et le prestigieux Prix du Québec de cinéma, en 2014, Manon Barbeau est fière de son diplôme en animation culturelle, une formation avant-gardiste créée au tout début de l’histoire de l’UQAM.

Dès ses premiers films, la cinéaste Manon Barbeau (B.Sp. animation culturelle, 1974) choisit de donner la parole aux exclus et aux marginaux. Jeunes de la rue (L’Armée de l’ombre, prix Gémeaux du meilleur documentaire, 1999), détenus condamnés à de lourdes sentences (L’amour en pen, 2004) et artistes anticonformistes (Victor-Lévy Beaulieu: du bord des bêtes, 2005) comptent parmi ses sujets de prédilection. Elle établit sa marque en 1998 avec Les enfants de Refus global, portrait sévère de ces artistes qui, à l’instar de son père Marcel Barbeau, ont fait passer leur carrière avant leurs responsabilités familiales.

En 2004, la documentariste fonde le Wapikoni mobile. Destiné d’abord aux membres des Premières Nations, ce studio ambulant a redonné de l’espoir à des milliers de jeunes d’un océan à l’autre, mais aussi en Bolivie, au Pérou, en Colombie, en Turquie et dans les territoires palestiniens. Il a généré au-delà de 1 000 courts métrages et quelque 750 créations musicales, lauréats de près de 200 prix à travers le monde.

Lauréate de nombreux prix, dont un prix Reconnaissance en 2010 et le prestigieux Prix du Québec de cinéma, en 2014, Manon Barbeau est fière de son diplôme en animation culturelle, une formation avant-gardiste créée au tout début de l’histoire de l’UQAM. «Tout m’a été utile! confiait-elle en 2010 à Actualités UQAM. Les notions en cinéma, bien sûr, mais aussi les techniques d’animation qui m’ennuyaient à l’époque (…). Wapikoni mobile est un projet d’intervention sociale par le biais du cinéma qui s’apparente en tout point à ce qu’on faisait dans les cours d’animation culturelle.»

Quel type d’étudiante étiez-vous?

Je me cherchais beaucoup. Mais j’ai découvert que ce que j’aimais vraiment, c’était le cinéma, surtout le cinéma d’animation, qui me permettait de donner libre cours à mon imaginaire et à ma fantaisie, et de recréer les univers poétiques dont j’avais besoin.

Que rêviez-vous de devenir?

Je souhaitais pratiquer un métier en lien avec la création. J’ai trouvé un travail à Télé-Québec, qui m’a permis de gagner ma vie tout en étudiant à l’université. J’y ai commencé comme recherchiste, puis je suis devenue scénariste. Je suis demeurée une dizaine d’années à Télé-Québec, tout en réalisant mes propres films, notamment à l’ONF, avant de cofonder le Wapikoni mobile, le Vidéo Paradiso, Musique nomade et le Réseau international de création audiovisuelle autochtone.

Quelle idée, quel concept, quel buzzword était à la mode dans votre domaine à l’époque de vos études?

Le maoïsme et le marxisme faisaient partie des courants d’idées à la mode en animation culturelle. Je me sentais un peu comme un ovni dans cet univers. Heureusement, il y avait le cinéma.  

Quel était l’endroit préféré des étudiants pour se réunir?

LUDUCU, une discothèque située au sous-sol du collège Sainte-Marie, où les membres du groupe Beau Dommage se sont produits au début de leur carrière. On y dansait souvent jusqu’aux petites heures du matin.

Pouvez-vous nommer un professeur, une phrase ou un cours qui vous a marquée?

Marcel Giguère, directeur photo à l’ONF, qui a travaillé avec les plus grands en cinéma. Yvon Mallette et Bernard Longpré, professeurs en animation culturelle. J’ai réalisé avec eux ma seule animation: un oiseau qui dévorait peu à peu l’univers et devenait lui-même l’univers. J’en garde un souvenir joyeux. Ces professeurs ont marqué un tournant dans ma vie en m’indiquant la voie du bonheur professionnel: le cinéma.

Que souhaitez-vous à l’UQAM pour ses 50 ans?

Je lui souhaite d’avoir des ramifications un peu partout dans le monde pour permettre aux étudiants d’explorer d’autres univers, de s’ouvrir l’esprit et le cœur et d’ainsi s’enrichir intellectuellement. Et puis de continuer à former des êtres humains passionnés.