Voir plus
Voir moins

Exercice médiatique

Des étudiants à la maîtrise en sciences de l’environnement apprennent à communiquer la science.

Par Valérie Martin

3 février 2020 à 16 h 02

Mis à jour le 19 avril 2021 à 10 h 04

Série En vert et pour tous

Projets de recherche, initiatives, débats: tous les articles qui portent sur l’environnement.

Le 27 janvier dernier, une vingtaine d’étudiants à la maîtrise en sciences de l’environnement se sont prêtés à un exercice médiatique. L’événement avait lieu dans le cadre du cours Communication scientifique (ENV 8080) donné par la professeure du Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale Corinne Gendron (Ph.D., sociologie, 2001). L’exercice consistait à accorder une entrevue de type radiophonique d’une durée de cinq minutes. Objectif: apprendre à vulgariser sa recherche, à mieux synthétiser ses propos, bref, à développer de nouveaux réflexes pour s’adresser au grand public de manière simple, efficace et concise.

À tour de rôle, les étudiants ont répondu aux questions d’Adeline Guèdègbé, journaliste à CHOQ.ca et étudiante au baccalauréat en journalisme. Après chacune des présentations, les collègues de la classe, la professeure et la journaliste étaient invités à commenter les performances des participants, en soulignant les bons coups ou en proposant des points à améliorer.

«J’ai lu vos résumés de recherche, mais je ne comprends pas tous les concepts», les a avertis la journaliste en début de séance. La science, ce n’est pas mon domaine!» «Oubliez le jargon et la poutine de la recherche. L’outillage méthodologique, ça ne veut rien dire pour le public. Quand vous parlez aux médias, il faut utiliser des exemples imagés», leur a suggéré Corinne Gendron, elle-même souvent appelée à commenter dans les médias des questions en lien avec l’environnement, le développement économique durable et la responsabilité sociale des entreprises.

Gestion des déchets au Panama

Laurence Croteau est l’une des premières candidates à se prêter au jeu de l’entrevue. Son mémoire de maîtrise porte sur la gestion des déchets dans l’archipel de Bocas del Toro, au Panama. «Au cours des dernières années, l’archipel a connu un important boom touristique, générant une grande quantité de déchets, et ce, sans que la municipalité puisse arriver à gérer une telle production, explique la jeune femme d’un ton rapide, mais avec assurance et clarté. Heureusement, des résidents de l’île, dont plusieurs Européens et Canadiens, ont mis en place des initiatives pour remédier à la situation.»

«Et quelles sont ces initiatives?», demande la journaliste. «L’une d’entre elle consiste à réutiliser les bouteilles d’eau en plastique pour en faire un matériel de construction, répond la scientifique. C’est un Québécois qui en a eu l’idée.» Durant l’entrevue, Laurence Croteau présentera d’autres initiatives mises de l’avant pour gérer les déchets et d’un règlement adopté par la municipalité de Bocas del Toro.

La population locale a manifesté pour obtenir une meilleure gestion des déchets et de l’eau potable, mais ne se sent pas nécessairement impliquée dans les initiatives lancées par les résidents étrangers. La chercheuse s’envolera le mois prochain pour le Panama, afin d’interroger les résidents de Bocas del Toro. Elle souhaite sonder leurs intérêts et savoir si ces initiatives les ont aidés à prendre conscience du problème, à adopter une perspective plus écologique et à changer leurs comportements.

«J’essaie de créer un modèle de gestion des déchets impliquant les citoyens et les municipalités pouvant être transposable ailleurs, sur d’autres territoires, par exemple», conclut la chercheuse.

Le fait que le projet ait lieu au Panama est un élément intéressant en soi puisqu’on entend peu parler de cette région du monde dans les médias, commente Adeline Guèdègbé.

Parmi les autres sujets présentés dans le cours, il a été question d’un projet d’autonomisation de la communauté crie de Chisasibi, des effets de l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides dans les champs de fraises du Québec, de la situation des bélugas dans la région du Saint-Laurent et de la contribution des jardins pédagogiques au bien-être des élèves du secondaire.

Lors de la même séance, les étudiants devaient aussi participer à une simulation du concours annuel Ma thèse en 180 secondes. L’exercice consiste à présenter en trois minutes un exposé clair, concis et convaincant de son projet de recherche devant un public de néophytes. Lors de cette simulation, qui avait lieu dans une salle de classe adjacente, les étudiants étaient évalués par un jury composé des étudiants Carole Ouedraogo et Logan Penvern, du doctorat en sciences de l’environnement, et Benoit Genest, du doctorat en administration, sous la supervision de Jenny Paola Cruz, auxiliaire d’enseignement et doctorante en sciences de l’environnement.