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Quinze ans de mobilisation citoyenne

Des membres de Parole d’excluES présenteront leur expérience lors du colloque international du Centre de recherche sur les innovations sociales.

Par Valérie Martin

1 avril 2021 à 15 h 04

Mis à jour le 19 avril 2021 à 10 h 04

Série En vert et pour tous

Projets de recherche, initiatives, débats: tous les articles qui portent sur l’environnement.

Atelier donné par l’Espace santé citoyen, durant la pandémie.Photo: Parole d’excluES

Créé il y a 15 ans, Parole d’excluES lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à travers la mobilisation citoyenne. L’organisme sans but lucratif met en place différents projets à Montréal-Nord dans le but d’améliorer les conditions de vie des gens. L’Incubateur universitaire de Parole d’excluES, le volet recherche de l’organisme, rassemble des chercheuses et chercheurs, des étudiantes et étudiants et des stagiaires, tous affiliés au Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Plusieurs d’entre eux parleront de leur implication au sein de Parole d’excluES lors du colloque international du CRISES, qui se tiendra les 8 et 9 avril.

Au cours des années 2000, afin d’améliorer l’accès à des épiceries de proximité et à des fruits et légumes frais dans le quartier, Parole d’excluES a réuni les parties prenantes – milieux communautaires, résidents et chercheurs – afin de mieux comprendre les besoins de la population et d’établir les priorités d’action. En 2008 un premier jardin collectif et un groupe d’achats, ont été mis en place. Au fil des années, en collaboration avec d’autres organismes et institutions de l’arrondissement, le projet a pris de l’expansion. Le «Système alimentaire pour tous» regroupe aujourd’hui des ruches urbaines, des marchés publics, des jardins collectifs et éducatifs, des espaces verts ainsi qu’une coopérative de distribution alimentaire, Panier futé, laquelle offre des fruits et légumes et des aliments sains à petits prix aux personnes âgées ou vulnérables et à des familles à faible revenu.

Les méthodes et modèles de recherche-action priorisés par Parole d’excluES favorisent la coconstruction des connaissances. «C’est de la recherche par et pour les citoyennes et citoyens puisque l’on considère qu’ils sont aussi porteurs de savoirs et qu’ils ont une expérience importante du terrain à apporter aux chercheuses et chercheurs», explique Isabel Heck, chercheuse en milieu communautaire, coordonnatrice de la recherche et du développement à Parole d’excluES, membre du CRISES et professeure associée à l’UQAM.

Les projets de recherche sont élaborés en croisant les savoirs universitaire et pratique. «Dans le cas du projet d’accès à l’alimentation, les gens ont trouvé des solutions pour remédier à leurs problèmes, précise la chercheuse. Les chercheuses et chercheurs les ont aidés à voir ce qui était possible de faire sur le terrain.»

La méthode développée à Parole d’excluES permet aux chercheuses et chercheurs «d’être présents sur le terrain pendant la recherche, mais aussi après, afin de déterminer si les connaissances sont utilisées par les citoyennes et citoyens et si elles sont appropriées à leurs besoins.»

Montréal-Nord pendant la pandémie

Durant les premiers mois de la pandémie, les chercheuses et chercheurs affiliés au CRISES ont documenté les effets de la COVID-19 sur les organismes communautaires du quartier. «Notre présence sur le terrain nous a permis de développer une proximité et une familiarité avec les citoyennes et citoyens, les organismes communautaires et les institutions sur le terrain», observe Isabel Heck. Le constat? «Les enjeux qui existaient déjà se sont accentués», relève la chercheuse. Avant la crise sanitaire, des citoyennes et citoyens avaient de la difficulté à se nourrir, à trouver un emploi, à avoir accès à des soins de santé ou à du soutien scolaire. La crise sanitaire a renforcé ces inégalités.

L’équipe de recherche de l’Incubateur a publié une série de fiches synthèse sur leur blogue. Ces publications présentent un survol de la situation vécue par les organismes ainsi que les enjeux auxquels ils ont eu à faire face au début de la crise sanitaire», explique Isabel Heck. Des pistes d’actions sont également proposées.

Parmi les actions entreprises par Parole d’excluES pour aider la population de Montréal-Nord au plus fort de la pandémie, la chercheuse mentionne la distribution de paniers alimentaires pour les familles dans le besoin et la mise en circulation de «camions hurleurs», ces véhicules munis de haut-parleurs sillonnant les rues de l’arrondissement dans l’objectif de diffuser en plusieurs langues les messages de la Santé publique. «C’est un projet qui est né à Montréal-Nord et qui a par la suite été repris dans plusieurs quartiers multiethniques de Montréal», fait remarquer Isabel Heck.

Présentations au colloque du CRISES

Dans le cadre du colloque international du CRISES, qui aura lieu les 8 et 9 avril prochains, Isabel Heck participe à trois conférences présentant de nouveaux projets de Parole d’ExcluES. La conférence intitulée «Regards croisés sur des innovations pour l’inclusion sociale sous l’approche des technologies sociales» portera sur un projet de collaboration avec des organismes communautaires du Pérou et du Brésil. «Nous voulons connaître leurs pratiques d’inclusion sociale et voir si nous pouvons, les implanter ici», explique Isabel Heck. Le projet est dirigé par la professeure du Département d’organisation et ressources humaines Sonia Tello Rozas, en collaboration avec Marlei Pozzebon, de HEC, et Parole d’excluES.

La conférence «Co-construire entre acteurs institutionnels, communautaires et citoyens pour une plus grande justice sociale et épistémique? Regards réflexifs par la recherche-action» présentera un aperçu d’un projet d’aménagement mené par Parole d’ExcluES, en partenariat avec la Table de quartier de Montréal-Nord et l’arrondissement de Montréal-Nord. Le projet participatif consiste à créer des espaces verts dans le secteur le plus défavorisé et violent de l’arrondissement. «À travers ces aménagements, on veut favoriser le vivre-ensemble et le développement d’un sentiment d’appartenance au quartier, tout en ayant un impact sur les conditions de vie», dit Isabel Heck. La doctorante en études urbaines et membre étudiante du CRISES Mathilde Manon participe aussi à la présentation.

En compagnie de la chercheuse de l’Université de Montréal Isabelle Ruelland et de l’agent de recherche de Parole d’excluEs Grégoire Autin, Isabel Heck partagera les résultats d’une étude sur les pratiques collaboratives en santé dans le cadre de la conférence «Vers des pratiques inclusives en santé de proximité: l’innovation par l’action citoyenne.» La recherche visait à favoriser l’accès aux services de santé à Montréal-Nord tout en impliquant les citoyennes et citoyens dans l’action.