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XPAntarctik: premiers résultats de recherche

Quelques mois après la fin de l’expédition, les données s’avèrent positives, souligne Andrée-Anne Parent.

Par Valérie Martin

2 décembre 2014 à 14 h 12

Mis à jour le 4 décembre 2014 à 8 h 12

Photo: XPAntarctik

Quelque neuf mois se sont écoulés depuis la fin du périple qui, l’hiver dernier, a conduit sept spécialistes du tourisme d’aventure à la conquête de territoires inexplorés en Antarctique, un continent réputé pour être le plus froid, le plus sec et le plus venteux de la planète. La doctorante en biologie Andrée-Anne Parent, responsable du volet scientifique de la mission, se dit à la fois satisfaite et étonnée des résultats préliminaires de la recherche, dont l’objectif était de documenter les effets du froid et de ce type d’aventure extrême sur le corps humain.

Andrée-Anne ParentPhoto: Nathalie St-Pierre

Après avoir compilé une partie des données recueillies avant, pendant et après l’expédition (pourcentage de gras, pourcentage de masse musculaire, force de préhension, tests cardiovasculaire, Hi-trainer), la chercheuse a constaté que les participants n’ont pas perdu de poids de manière significative. «Oui, il y a eu une perte de gras, mais elle est beaucoup moins importante que ce que l’on prévoyait au départ. Les membres de telles expéditions ont tendance habituellement à perdre du poids en raison d’une forte dépense d’énergie due au froid», observe Andrée-Anne Parent, qui effectue les analyses sous la supervision des professeurs Jean P. Boucher et Alain Steve Comtois, du Département de kinanthropologie.

Une alimentation riche… en gras

Le plan de nutrition, conçu en collaboration avec Sandra Morales, étudiante à la maîtrise en kinanthropologie, et les entreprises qui ont fourni l’alimentation de base aux membres de l’expédition, a permis aux aventuriers d’éviter une perte de poids et de masse musculaire. Le plan comportait des barres énergétiques et de la nourriture lyophilisée auxquelles était ajouté un corps gras. Les participants de XPA devaient ainsi ingérer l’équivalent de 6000 calories par jour. Selon le Guide alimentaire canadien, cela représente le double des besoins énergétiques journaliers pour les hommes actifs de 19 à 30 ans et près du triple pour les femmes actives du même âge!

«Lorsqu’ils buvaient leur chocolat chaud ou mangeaient leur soupe, les membres de l’expédition devaient y incorporer de l’huile ou du beurre, ce qui n’était pas très ragoûtant! Ils n’avaient pas envie, non plus, d’avaler des repas qui n’étaient pas toujours servis chauds. De plus, comme ils devaient s’habituer à une nouvelle alimentation, la digestion était aussi plus difficile», rapporte la doctorante. Malgré toutes ces embûches, les membres de XPA se sont tout de même prêtés à l’exercice de bonne grâce.

Selon Andrée-Anne Parent, il est difficile d’établir un plan de nutrition efficace et un bon ratio protéines-gras pour ce type d’expédition. «On croit souvent que ce sont les protéines qui jouent le rôle le plus important, mais en raison de la thermorégulation – le mécanisme qui permet à l’organisme de conserver une température stable – l’apport en gras semble être crucial. Le plan développé pour XPA a démontré une certaine efficacité.» La doctorante attend toutefois de recueillir les données prélevées à partir des cheveux des participants pour vérifier s’il y a eu une perte de minéraux considérable. «Ces données vont déterminer dans quelle mesure la stratégie nutritionnelle a été globalement efficace», précise-t-elle.

Autres données

L’équipement des membres de XPA a également joué un rôle non négligeable. «Les vêtements portés ainsi que les techniques et autres stratégies utilisées pour rester au chaud et au sec ont prouvé leur utilité», remarque Andrée-Anne Parent.

Les données récoltées pour mesurer la force de préhension tendent vers le même constat. «Il n’y a pas eu de perte de force au niveau de la main, ce qui signifie, entre autres, que les aventuriers avaient de bons vêtements, dit la chercheuse. Un équipement adéquat et une alimentation riche en gras ont assuré, en quelque sorte, le succès de l’expédition XPA.»

Le HiTrainer, un tapis roulant autopropulsé destiné en premier lieu aux sportifs d’élite, a été utilisé avant l’expédition pour entraîner les membres de XPA à tirer leurs pulka (traîneaux). Modifié par la doctorante pour leurs besoins particuliers, l’appareil a démontré qu’un tel entraînement pouvait améliorer le rendement et la capacité cardiovasculaire des participants. «Ces derniers ont été performants durant l’expédition. Leurs traîneaux ne constituaient pas une surcharge pour eux. Parce qu’ils étaient bien alimentés et reposés, cela leur a permis d’améliorer leur performance d’un cran», explique Andrée-Anne Parent.

Quant aux Astroskin – ces maillots intelligents portés par les membres de l’expédition – la doctorante attend la validation des données de la part du fabricant Carré technologies.

Même s’ils ont été malades peu de temps après l’expédition – symptômes rappelant une gastroentérite et affaiblissement momentané du système immunitaire –, Andrée-Anne Parent assure que les membres de XPA sont aujourd’hui en excellente condition physique et qu’ils ont la tête remplie de nouveaux projets.